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Les fanzines Métal

Les fanzines métal, d’hier à aujourd’hui
Première partie
Publié le 20 mars 2021
Vues 2100
Republié le 8 juin 2022

 


Par Guillaume Lévesque

Première partie : 1983-1990, les années “défonce” !

Parmi les dignes héritiers du journal Pop Rock, dans les années 80, on voit l’émergence d’une nouvelle tendance. Il s’agit des fanzines rock et heavy metal. Durant cette époque, à la fois proche de nous, mais préhistorique au niveau des médias et des moyens de communications, ces publications sur papiers se sont faites une place de choix parmi les amateurs de musique bruyante.

C’est quoi un fanzine?

Les fanzines, ce n’est rien de nouveau ! Le mot fanzine vient de la contraction des mots fanatic et magazine. Ce sont des publications écrites faites par des fans pour des fans. L’idée n’était pas nouvelle, les fanzines, c’est aussi vieux que l’écriture journalistique. Les sujets traités dans ces publications sont aussi variés que les intérêts du genre humain : sports, films d’horreur, musique, ésotérisme, bandes dessinés et j’en passe. Un élément commun entre ces publications, c’est que le sujet principal est très souvent underground. Pour les fanzines métal, ça veut  dire des albums, des démos et des shows, mais aussi des articles sur des lieux inusités et des histoires sanglantes.

Le Québec et les fanzines

Il est possible d’affirmer que le magazine Pop Rock fut dans les année 80, vecteur de la scène métallique québécoise et internationale, mais le titre de la première publication du Québec en français,100% métal, revient au fanzine Metal K.O. À l’époque, ce fanzine et son éditeur : Johnny Hart étaient en quelque sorte le relais de la scène métallique européenne au Québec, si bien qu’en 1985, il fut l’une des personnes à l’origine du festival WWIII à Montréal. Dans son fanzine, il y a des trucs intéressants. Par exemple, il est question du premier album de Pantera : Metal Magic. À cette époque le groupe était une petite sensation locale au Texas et pratiquaient le Glam metal. Entres brèves actualités, reportages sur les concerts et critiques d’albums, les volumes de Metal K.O permettent de se replonger dans la scène de l’époque. On y retrouve même des groupes locaux un peu oubliés comme Hell’s Dagger, Jade et Death Dealer.

Un mouvement international

Par la suite, au Québec, de nombreux fanzines se sont ajoutés à la liste comme Stage Dive, Profusion, United Throng ou Mental Absurdity. La plupart de ces médias imprimés étaient en anglais, car c’était plus facile pour communiquer à l’internationale. J’ai été surpris de retrouver Mayhem dans la section des interviews du fanzine Mental Absurdity. Ce groupe était loin d’être connu à l’époque. Il venait tout juste de publier son premier E.P :Deathcrush. Ce groupe est depuis devenu carrément mythique, un véritable porte-étendard du black métal norvégien à l’ancienne. Dans la section des critiques de démos, il y a aussi plein de groupes qui étaient à l’époque émergents, mais qui sont depuis devenus des valeurs sûres dans le domaine métallique. Par exemple, il est question de B.A.RF., Morbid Angel et Napalm Death. Dans Mental Absurdity, ce que j’ai remarqué en plus, c’est la bonne qualité des images et de la mise en pages qui se rapproche d’une publication professionnelle.

Le pionnier au Québec

Celui qui a lancé Mental Absurdity, Rosaire Fontaine, a gentiment accepté de nous parler de cette aventure. : « Dès mon arrivée à Montréal pendant l’été 1986, j’ai enfin pu assister à une multitude de concerts métal tenus au Spectrum, au Palladium et à l’auditorium de Verdun, sans oublier bien sûr les petites salles comme les Foufounes Électriques et le Black Lite ou j’ai eu la possibilité de découvrir toute une nouvelle vague de talents locaux dont j’ignorais l’existence auparavant.

J’étais vraiment passionné par cette musique et comme je n’avais vraiment pas les capacités de chanter où bien de jouer d’un instrument, j’ai décidé de m’impliquer dans la scène en publiant mon propre Fanzine que j’ai intitulé Mental Absurdity.. J’avais pu feuilleter quelques autres publications locales de ce genre mais je me suis fait un devoir de tenter de donner un brin de visibilité a tous ces nouveaux groupes qui fusionnaient d’un peu partout au Québec dont on entendait très peu parler.

La tâche a été un peu complexe parce que je tenais a publier ma revue en anglais dans le but de pouvoir l’exporter à travers le monde via des annonces parues dans Metal Forces (l’autorité absolue du métal brutal à l’époque) et tous les autres fanzines pour lesquels nous faisions des échanges d’annonces dans nos fanzines respectifs. Avec une connaissance très limitée de l’anglais, je devais pour les entrevues effectuées en anglais les traduire en français (pour en comprendre les réponses) et les retraduire en anglais pour la publication des textes.

La revue est parue en septembre 1988 et fut vraiment chaleureusement accueillie. Des dizaines d’exemplaires sont partis aux USA et encore plus ailleurs à travers le monde. Je suis parvenu a écouler la totalité de mes 400 exemplaires (un grand succès pour un fanzine). Très rapidement, ma boite postale se mit à déborder littéralement de démos et de disques que les compagnies comme Combat et Road Racer records pouvaient m’expédier pour un brin de couverture médiatique. Les offres d’entrevues venaient de toutes part… j’étais seul pour tout faire avec un emploi physique a temps plein. Ensuite, le grand retour de ma passion pour la collection de bandes dessinées m’a amené a décider d’abandonner l’aventure en léguant la revue a de bons amis qui eux avaient toujours la flamme sacrée. Ceux-ci ont publié un second numéro qui inclua entre autre les textes et entrevues déjà réalisés. J’ai terminé mon aventure pour la musique métal avec l’organisation de deux spectacles du groupe français Massacra à Montréal et Québec en février 1989. »

Speed Anarchy

Le fanzine United Throng, c’est celui qui représente le plus cet esprit (destroy). Un concept à la fois intangible, mais bien présent dans l’esprit des jeunes de l’époque. Une sorte de nihilisme juvénile avec un penchant autant pour la destruction que l’autodestruction. D’un coté musical, ça donne des groupes comme Damnation, Slautghter, Repulsion et Social Decay. Des groupes flirtant avec l’énergie et la rapidité de la musique punk tout en proposant la lourdeur et le coté macabre du heavy metal. Les entrevues sont d’une rare franchise par exemple, Burn du groupe Agression a répondu à la question : Que faites-vous durant le week-end par : pratiquer, faire l’amour à ma blonde, faire le party et dormir. C’est là que je me dis que ça fait du bien de se divertir avec du contenu pour nous et fait par des gens comme nous et non par des rock stars millionnaires à Hollywood.

Ce n’est pas fini …

Cet article n’est pas exhaustif, il y a plein de fanzines Métal du Québec que je n’ai pas nommés ou qui n’ont pas étés archivés ou sont perdus dans l’oubli. Cet article ne sera sûrement pas mon dernier sur le sujet. Certains de ces fanzines ne sont plus disponibles aujourd’hui, ils sont peut être quelque part dans un sous-sol entre des vieux exemplaires du magazine Croc et une pile de disque vinyles. C’est pour ça que j’aimerais inviter les lecteurs du site Famille Rock à nous partager vos archives métalliques.

1990

Des nouvelles de nos auteurs

De plus, si certains se demandent, ce que sont devenus nos auteurs de fanzines ? Rosaire Fontaine est devenu spécialiste de la bande dessinée. Il est entre autres organisateur du festival Fantasticon depuis plusieurs années. Stéphane Bélanger a fondé un magasin spécialisé dans le heavy metal appelé Profusion, comme son fanzine (fermé depuis, malheureusement) et Eric Galy de Stage Dive a fondé l’étiquette Galy Records qui a publié des groupes importants comme Martyr, Goregut et Neuraxis.

Bonus : les meilleures citations :

-Johnny Hart à propos de Slayer : reste à savoir si le public, habitué qu’il est à supporter des groupes tels que Styx, Journey et tout récemment Def Leppard réagira favorablement à ce monstre démoniaque ?

– Waste de Damnation à propos de la scène locale de l’époque (traduction) : Il y a trop de speed metal héros, ici personne nous aime parce qu’on est pas assez techniques. La scène est meilleure pour nous dans les shows punk hardcore que dans les shows metal.

Suggestions de lectures

L’évolution du métal québécois : No Speed Limit (1964-1989) par Félix B. Desfossés


Mental Absurdity par Rosaire Fontaine ( en anglais)
Metal K.0 par Johnny Hart

Plusieurs fanzines sont disponibles sur www.thecorroseum.org

– Petite Histoire d’un fan : I was a teenage fanzine editor : a personal history

L’auteur Rosaire Fontaine sur la photo de bannière

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2 Comments

2 Comments

  1. Pingback: Éric Roger poète chanteur – FamilleRock.Com

  2. Rosaire Fontaine

    20 mars 2021 at 4:03 PM

    Excellent texte Guillaume! Je ne m’attendais pas a retrouver ma tronche sur la bannière! Keep the flame!

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