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Judas Priest Top 5

Judas Priest, mon top 5
Publié le 14 décembre 2022

Par Ricardo Langlois

C’était dingue cette vie. Je pense particulièrement durant les années Pop Rock. Il me semble que tout le monde était à l’école. J’aimais la musique. Travailler pour Pop Rock me permettait de gagner un peu d’argent mais surtout d’aller voir plein de shows gratuits. Autour de moi, mes amis, la campagne. J’ai habité Lachine. J’étais légèrement fou, une tête de cochon. Je ne voulais surtout pas mourir d’ennui. J’étais un idéaliste. Vivre en écrivant.

En lisant la bio de Rob Halford, je me suis reconnu dans certains passages. D’abord le grand mythe sur la tenue de scène. Il aimait se déguiser comme un échappatoire. J’aimais le faire dans la rue ou dans ma chambre (1). Certains d’entre vous m’ont vu. Junior et moi, on portait des spandex (collant style cuir), ceinture cloutée et yeux maquillés. C’était l’époque : Maiden, Priest, Motley Crue, Kiss, Dio, Bon Jovi, Def Leppard. Juste un peu avant la vague Metallica.

Je veux vous parler de 5 albums de Judas Priest que j’ai écouté mille fois. Cette décennie m’a apporté le bonheur de l’enfance qui se multiplie avec cette musique rock ensorcelante. La Vie était une extase. Je ne voulais pas être triste comme Beethoven, en proie à la mélancolie de Basho. (2). Je cite, malgré moi, Kerouac parce que je rêvais d’une vie Zen (parce que c’était le but Ultime).

1- British Steel 1980

Le jour où l’histoire du rock aura obtenu toutes ses lettres de noblesse pour devenir une matière à part entière dans les milieux académiques, (soyons honnêtes, elle a quand même trouvé une petite place dans certains départements d’histoire et de musicologie), il est certain que le sujet Judas Priest et la NWOBHM (New Wave of British Heavy Metal) sera reçu comme étant un énoncé classique des partiels. Il aurait en effet toutes les raisons de l’être.

À proprement parler, Judas Priest précède chronologiquement la NWOBHM ; ayant sorti son premier opus en 1974, le groupe fait partie des quelques grands noms intermédiaires entre les premiers temps du hard-rock (à partir de 1969) et la seconde vague du début des années 1980. En ce sens, la formation a eu une influence incommensurable sur la nouvelle génération dans les évolutions qu’elle proposa au hard-rock initial – plus fort, plus vite, plus brutal, sans compter le renouvellement des techniques vocales d’Halford qui feront le sel de la NWOBHM. Par contre, plus encore qu’un Motörhead, à peu près dans la même situation et tout aussi influent auprès des épigones, Judas Priest semble avoir non seulement inspiré mais également emprunté la vague en cours, à peine les premières traces d’écume déposées sur le sable.

À l’écoute des albums qui s’étalent entre 1980 et 1984 (soit la chronologie admise pour la NWOBHM), notamment Screaming for Vengeance et Defenders of the Faith, on retrouve de nombreux traits stylistiques qui marquent de nombreuses formations canoniques qui apparurent à cette époque.

Dans cette histoire, British Steel mérite toute notre attention. En termes de chronologie tout d’abord, puisqu’il paraît en 1980, dans les premiers temps de la nouvelle vague, alors que le groupe est presqu’identique à sa formation de la fin des 1970 (seul le batteur Les Binks vient d’être remplacé par Dave Holland). Ensuite parce qu’il est un album qui jouit d’un culte compréhensible seulement si on le replace dans ce contexte : loin d’être un opus exceptionnel (surtout à l’écoute de la discographie brillante de Judas Priest) il est plutôt un album sorti au bon moment, en ayant pris les bons angles d’attaque dans la composition.

2. Screaming for Vengeance 1982

Au cours de mon voyage à la découverte du monde fantastique de Judas Priest, comme dirait un légionnaire romain j’en aurai vu du pays. Du hard rock épique et mélodique (Sad Wings Of Destiny, Sin After Sin) au Power Metal qui tâche (Jugulator), en passant par des escales transitoires inattendues, tantôt commerciales (Turbo), tantôt symphoniques (Nostradamus), j’aurais pu établir un pied-à-terre entre le heavy metal retentissant et fédérateur (British Steel, Defenders Of The Faith, Ram It Down) ou le heavy metal extrême et tonitruant (Painkiller), mais l’Histoire en a voulu autrement. En 1982, le combo de Birmingham nous revient en grande forme après un Point Of Entry qui proposait quelque chose de plus light tout en gardant une qualité certaine. Retour donc au véritable Heavy avec un Screaming For Vengeance flanqué de son fameux aigle tout d’acier vêtu qui laisse présager un album des plus directs !

The Hellion ouvre cette huitième offrande par un mur de guitares qui ferait frissonner n’importe quel metalhead qui se respecte ! Ce même Hellion introduit Electric Eye, première bombe au programme ! L’un des titres les plus cultes du groupe, qui démarre sur un riff bien énergique pour enchaîner couplets et refrains rassembleurs… Et que dire du final, si ce n’est : ‘PROTECTED – DETECTIVE – ELECTRIC EEEEEEEEEEEEYE !!!’.

Riding On The Wind vient confirmer la chose, avec son intro exubérante à la batterie, un chant ‘Halfordien’; des plus aériens ainsi qu’un duel de guitares rayonnant entre les deux guitar-heroes que sont K.K. Downing et Glenn Tipton. Rafraîchissant !

Ici, je recopie la meilleure critique pour ce joyau. En novembre 1994, il était classé no 13 dans le top 100 du métal de tous les temps selon la revue Hit Parader. Sur cette liste, Metallica et son Black Album apparaît en première position suivi de Led Zeppelin IV et de Kiss Alive. (3)

Cet album a tout un imaginaire précieux. Un titanic sublime conduit par un homme vêtu tout de cuir qui arrive sur scène en motocyclette. Les anges crépusculaires deviennent fous comme moi. Je les déchiffre assez vite. Ils viennent me voir après le show. On traverse au club Moustache avec le grand Junior qui était jeune et très grand pour son âge. Tous les jeunes bands de l’époque jouait une toune de Priest. C’était une référence.

3. Defenders of the Faith 1984

Cet album a influencé Richie Faulkner, le nouveau guitariste. Cette période du groupe a énormément influencé ma façon d’envisager la guitare plus tard. J’avais sept ans lorsque j’ai commencé à en jouer, je faisais mes gammes sur du Jimi Hendrix. Jusqu’à ce que j’entende vaguement parler de Judas Priest. Cet album a eu la note 9,5. On assiste à la fin d’une époque.

Judas Priest à Montréal, 1984

Priest a atteint un sommet. Iron Maiden prendra la relève et Metallica par la suite. Turbo sorti en 1986, divise les fans. Cet album est définitivement trop commercial. Il y a même des guitares-claviers. Un album polémique. Un maigre 7 sur 10. (4)

4. Painkiller 1990

Painkiller est plus rapide donc, mais plus rapide ne veut pas dire meilleur, du moins chez moi, car ce n’est pas l’avis de milliers de fans qui vouent un culte démesuré pour ce disque. Il ne contient pas que des classiques, loin s’en faut. Une flopée de titres quelconques ne resteront pas dans les annales, entre le heavy agressif de Between The Hammer And The Anvil et son intro ‘evil‘ quelque peu caricaturale, ou des titres speeds sans intérêt et dégageant autant d’émotions qu’un album d’Iced Earth, comprenne qui pourra (All Guns Blazing Metal Meltdown). Ça manque de refrains fédérateurs également, ceux de All Guns Blazing et Metal Meltdown étant particulièrement ridicules, ils symbolisent les pires clichés du heavy metal.

Bref, les hymnes à reprendre en choeur pendant les concerts, à la Metal Gods ou Heading Out To The Highways, sont absents ici, à part peut-être le sublime refrain de l’atmosphérique (comparé au reste) A Touch Of Evil. Les mélodies reviennent au premier plan sur ce titre, et sur quelques autres également. C’est simple, moins les titres sont agressifs, meilleurs ils sont. Sur Hell Patrol et Leather Rebel, Judas Priest redevient ce qu’il a toujours été, implacable, heavy, avec des vocalises aiguës de Rob Halford qui ne ressemblent pas à des hurlements d’une sorcière en rut (contrairement à Painkiller). Les excellents Leather Rebel et Night Crawler ont des tempos speeds et leurs mélodies redéfinissent carrément ce que sera le metal traditionnel dans les années 90.

Painkiller représente une influence énorme sur le revival du heavy qui sera opéré par des groupes comme Angra et Hammerfall en Europe, après le règne sans partage du grunge et du metal. Pour terminer, quoi de mieux que One Shot At Glory ? Précédé par la divine intro Battle Hymn, c’est le meilleur titre de l’album à mon sens, Judas Priest renoue enfin avec de superbes harmonies de guitares et un refrain faisant office d’hymne. Cet album marque un tournant majeur influencé par la vague Metallica-Megadeth-Anthrax. Il faut aimer les lambeaux du ciel jusqu’à l’os des nuages.

La poésie sonore. Les mille et une nuits qui recommencent… Judas Priest signe son plus grand album depuis longtemps. On ne peut pas blâmer Rob Halford d’essayer ou d’innover. Le long cantique du métal va s’arrëter ici avant un long moment. 9.5 comme note. Une longue période de purgatoire pour le groupe qui voit le départ de Rob Halford. Notre Dieu métallique. Le chant des sirènes se fait entendre. Jugulator (1997) . Un album étrange et brutal avec Tim Ripper Owens au chant.

Judas Priest s’en va à la dérive. Je t’écris ce poème :

Je t’aimais dans nos nuits sauvages
Ces nuits qui traversent le cœur (5)

5. Firepower 2018

Il avait renoncé, il avait abdiqué, sa destinée était faite… Écoutez Rising from Ruins, écoutez son chant (avant l’intro Guardians), j’aimais bien le feeling. Même sans les paroles, ce morceau sonne épique. Quel thème allait-il aborder? Cette idée de se battre  pour ce en quoi tu crois, d’affronter les problèmes et de s’élever à travers les ruines. C’est ainsi que le nouveau guitariste blond  Richie Faulkner décrit Firepower, le monde est un chaos… La vitalité du cœur est enfoui. Le passage au milieu du morceau est encore différent. C’est fou qu’est-ce que la musique peut-être une thérapie musicale et spirituelle! Il y a aussi le morceau  Sea of Red (allusion à la traversée de la mer Rouge, vision biblique).

Les paroles ont du SENS. Je les trouve superbes. C’est un beau message. Sa tonalité, sa voix est spectaculaire. C’est aussi un grand parolier…
J’arrête ici. Je me remémore  comme Richie (nouveau guitariste né en 1980, l’année de la sortie de British Steel), je me souviens de la foule depuis la scène et les flammes jaillissant de partout… Nous étions tous fiers de nos vestes de cuir… Je me souviens qu’entre 1980 et 1984, j’avais 2 vestes de cuir (Perfecto) dont l’une avec de longues franges… Comme les kids, je regardais les guitaristes jouer comme des Dieux…(6)

Vous êtes 4,600 personnes à avoir apprécié ma critique de cet album de la résurrection. Merci à vous, fidèles lecteurs, lectrices.

Notes
1. Rob Halford, Confess. Biographie p. 121. Critique sur famillerock.com
2. Jack Kerouac, Big Sur. Mon livre de chevet.
3. Hit Parader, Spécial Top 100 métal. 1994.
4. Revue Rock Hard, Octobre 2021.
5. Ricardo Langlois, Mille Soleils. 2022.
6. Firepower, Critique sur famillerock.com

Ricardo Langlois est critique musical pour famillerock.com et critique littéraire pour lametropole.com. Son 5 e livre, Mille Soleils est maintenant disponible.

 

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