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Johnny Gravel

Johnny Gravel

Un texte de Louis Bonneville

Jean Gravel (alias Johnny Bizarre) : le premier guitar hero du Québec

1993, Québec. Coup de pouce à la relève, évènement organisé par la station CHOI FM, donne la chance aux artistes rock de la région de se promouvoir avec des spectacles diffusés à la radio. Du haut de mes 17 ans, je me faufile au bar La Relève pour assister à un de ces happenings, en l’occurrence celui de Réjean Godro. Dans mon patelin, Sainte-Marie de Beauce, ce musicien inspire un sacré respect chez les jeunes amateurs de rock. Au bar spectacle Le château (une manière d’institution locale), les bands engagés invitent fréquemment Godro (qui fait partie du staff) à monter sur scène pour interpréter des classiques du groupe Offenbach. En effet, ce chanteur-guitariste connaît bien le répertoire du groupe mythique, car il a déjà collaboré avec Gerry. Mieux : il a formé un groupe avec Johnny : Les Patriotes (1987-88).

À Québec, Godro présente son répertoire original. Vers la fin de la prestation – coup d’éclat – il invite sur scène son collègue, ou plus précisément son idole : Johnny Gravel. Sous les applaudissements, on observe le guitariste d’Offenbach marcher tranquillement sur scène en direction de sa Stratocaster… On s’attend à un moment musical intense. Le groupe entame la fameuse complainte « Ayoye »… Gravel est un artiste qui explore et improvise à souhait, envahi par l’émotion des êtres déchirés par l’existence. En vérité, c’est la façon de faire chez les bluesmen ; l’histoire du Mississippi delta regorge de moments musicaux sombres et exaltés, une source d’inspiration pour tous les rockers… La pièce « Ayoye », à la structure à la fois épurée et mélancolique, ouvre les portes à l’expression du jeu de Gravel. Au fil des ans, cette pièce est devenue indissociable de sa signature sonore. Penché sur sa guitare, quasi immobile, ce créateur (d’un art brut prototypique) élabore un solo de peu de notes – frappant droit au cœur. Un constat s’impose : il est le seul à pouvoir déchiffrer la composante de la recette de ses étranges et complexes lignes mélodiques… Cependant, ce type de démarche – souvent improvisée – est à l’image d’une promenade en terrain miné : difficile de le franchir sans faille dans l’exécution. Néanmoins, ce risque expose une vulnérabilité chez l’interprète – un vertige – qui interpelle vivement l’auditeur. Cet aspect est d’ailleurs très représentatif des mouvements empreints de liberté des années soixante-dix. Toutefois, cela diffère du Metal, style en vogue depuis presque une décennie à cette époque. Les musiciens de ce courant musical à la structure bien établie montrent une virtuosité et un souci de précision dans l’exécution, qui l’emportent sur l’intuition hasardeuse obligée de la liberté d’action, voire sur une certaine forme de détachement envers les enseignements classiques, souvent martelés. Chez Gravel, le conformisme, apparemment, ne s’est pas rendu jusqu’à lui. Si une partition musicale évoque à ses yeux une simple feuille de papier marquée de mucosités nasales sèches, on en déduit que l’individu ne s’enthousiasme pas vraiment pour l’académisme. À ce sujet, souvenons-nous du fameux chandail imprimé des armoiries d’Harvard University qu’il porta lors de certains de ses moments glorieux – manifeste pamphlétaire à la résistance des hautes institutions s’il en est… Plusieurs musiciens tentent de devenir des rockers, mais le prix à payer est souvent l’adoption d’un mode de vie misérable. Gravel – lui – est un héritier naturel de l’esprit même des bluesmen. De toute évidence, un archétype du rocker… À La Relève, en regardant et en écoutant Gravel, j’ai tiré au clair : le Blues rock doit être pure émotion pour qu’il puisse être vraiment significatif…

Un an plus tard, j’apprends que Gravel se pointera sous peu à Sainte-Marie. Je saute sur l’occasion d’assister à un de ses spectacles, justement présentés au Château. Accompagné du chanteur/guitariste Michel Laroche et son groupe, Gravel surprend en jouant des Classic rock, dont « Sunshine of Your Love », de Cream. Néanmoins, le moment marquant du spectacle est, là encore, « Ayoye », d’autant plus que cette fois, Gravel chante. Une fois de plus, il joue en quelque sorte toutes les cartes de son jeu, comme s’il devait constamment repousser ses limites et prouver en permanence son statut de rocker… Une fois le spectacle terminé, l’heure fatidique de la fermeture du bar approche. Il ne reste ici et là que quelques clients assidus. Gravel est assis au bout du comptoir. Une Gitane sans filtre fume entre ses doigts et une Labatt Bleue positionnée devant son fameux regard – insondable – lui fait de l’œil. J’observe la scène du point de vue de l’adolescent que je suis, possédé par une espèce de frénésie rock. En fait, c’est un peu comme si God (Clapton) se trouvait devant mes yeux… Bien entendu, lesdits piliers de bar, résistants au last call, n’imaginent aucune vision de ce genre. Johnny semble plongé en lui-même, dans une sombre et étrange méditation. Je me laisse alors guider… Une certaine visée ambitieuse l’emporte sur mon frêle courage : je me convaincs d’aller m’asseoir à côté du musicien. Les présentations faites, je lui fais, entre autres, l’éloge de son jeu à la guitare que je trouve fascinant – unique. Rapidement, la conversation devient cordiale ; les barrières tombent. Ainsi, je peux entrevoir ce qui se cache derrière la façade de l’homme au tempérament bourru : sensibilité et honnêteté sans compromis – sa facture musicale. Ne reculant devant presque rien, j’ose encore un peu plus : j’invite Gravel pour un jam avec mon band, le lendemain. À mon plus grand étonnement, il accepte sans ciller…

« Ayoye » en spectacle, 1982

 

Le château est un ancien hôtel/motel, dont les deux étages supérieurs servent de débarras, de loges et de chambres pour les bands… En ce week-end, Gravel s’est installé dans ce lieu ressemblant à un manoir hanté. Le lendemain, je vais chercher le guitariste à treize heures, moment convenu la veille… Mes genoux claquent presque, tant l’idée de me présenter à lui m’intimide. À l’étage, j’aperçois le musicien. Seul avec lui-même. Il est attablé devant son repas : quelques bouteilles de Labatt Bleue accompagnées d’un peu de jus de tomate servant à vitaminer le tout… Là, je crains le pire, soit la réponse la plus circonstancielle à un jeune téméraire de mon espèce, du genre : « Écoute son, finalement ça ne m’adonne tout simplement pas aujourd’hui. » Le rocker regarde directement au-dessus de mon épaule. Derrière moi, au mur, une horloge. Avec son œil de lynx, il fixe les aiguilles cheap en plastique et me dit : « Tu vois ! Je suis là – à l’heure – comme convenu ! » Il prend quelques gorgées, et m’indique qu’il sera prêt sous peu…

C’est à bord de ma vieille berline Chrysler, tombant littéralement en morceaux, que j’embarque Gravel. Nous n’avons pas fait cent pieds que, tout à coup, j’entends des craquements. Intrigué, je lance un regard oblique vers Gravel. Je constate qu’il a les mains jointes, tel un moine en prière. En fait, c’est lui qui provoque ces bruits secs en appuyant fortement avec ses mains sur les jointures de ses doigts. Il m’explique que c’est un moyen auquel il a recours à l’occasion pour éliminer l’air emprisonné dans ses articulations. Un geste qui, selon ses dires, lui permet d’améliorer la fluidité – la vitesse – de son jeu à la guitare… Nous sommes en direction du local de répétition de mon band : un sous-sol résidentiel familial qui se transforme, le week-end, en repère pour musiciens apprentis… Le groupe est déjà sur place. Bien sûr, la stupéfaction est généralisée lorsqu’on m’aperçoit descendre les escaliers accompagné d’un membre d’Offenbach… Qui dit jam, dit musiciens qui peuvent livrer la marchandise. Heureusement, j’avais confiance : notre section rythmique (batterie/basse) pouvait aisément assurer en jouant de solides Shuffle rhythm. Inutile de préciser que si je m’étais retrouvé seul avec Johnny, j’aurais galéré grave. Je prête donc mon équipement à Gravel pour qu’il puisse commencer ce jam, et ainsi échanger quelques licks avec l’autre guitariste du groupe. Gravel est devant mon ampli, et sélectionne le channel clean. Il positionne le contrôle du gain à mi-chemin, celui de bass au trois-quarts, et ceux de mid et de hi à mi-chemin. Un overdrive naturel et puissant crache de mon ampli, un son que je n’avais jamais soupçonné jusqu’à cet instant. Le constat est assez évident : peu importe la guitare et/ou l’ampli que Gravel utilise, la sonorité qu’il en extirpe est à la mesure de la composition puissante de son jeu. Au cours des années précédentes, occupées à graviter dans l’univers du rock, il a élaboré et acquis des mécanismes aiguisés – miroir de son habileté. C’est un peu comme si le rock avait fusionné son être… À ce titre, un exemple qui se trouve au début du film Tabarnac (consacré à Offenbach en 1974), traduit bien la symbiose viscérale – jusqu’à la moelle – du groupe avec le rock… Un membre de la garde rapprochée d’Offenbach annonce un spectacle à venir du groupe. Il est juché dans une voiture qui traverse les rues de la vieille ville de Larochelle, et, à l’aide d’un porte-voix, il s’exclame : « Il va y avoir quatre Canadian français, qui sont de souche Charente-Maritime. Ils reviennent après trois cents ans vous chanter du rock and roll – pis du blues. Et permettez-moi que je répète, on pourrait – devant vous autres – pas en cachette – devant vous autres – vous jouer du blues, pis du rock and roll. Parce qu’on connaît ça du rock and roll, on vit juste à côté. Pis là asteure – on vit dans ! » Ce genre d’énoncé traduit bien l’intense personnalité rock d’Offenbach et de Gravel. Il n’est donc pas surprenant de constater que le jeu de Gravel est connecté au plus profond de son esprit…

« Ether » en spectacle, 1974

 

Guidé par mon côté d’archiviste du rock, j’ai enregistré notre rencontre avec Gravel et l’ai conservée pendant toutes ces années. Grâce à cela, je recule dans le temps sans perdre un détail… Après quelques morceaux joués avec le guitariste, Gravel, comme un enseignant bienveillant, analyse nos lacunes et notre flagrant manque d’expérience. Il a le souci de bien vouloir nous faire ces remarques constructives et pertinentes – ni plus ni moins une forme de legs, une transmission du savoir… Son discours va jusqu’à l’essence de sa façon de percevoir et de jouer le rock. Il s’exprime avec un vocabulaire bien à lui : « La base de la bébelle c’est la dynamique, c’est fou comment c’est important. Tu vas t’en rendre compte à un moment donné. Ce n’est pas toujours fort et ce n’est pas toujours doux. Il y a des paliers à tout ça. Tu montes les paliers un par un, et là tu deviens ben ben fort, et là tout d’un coup, tu tombes à presque rien. Tu blow un gros solo pis tout d’un coup tu tombes, c’est comme quand tu es assis dans un jet puis tu pognes une poche d’air, tu descends d’un coup de mille cinq cents pieds – rush-tu ? Ben c’est la même ostie d’affaire pour le monde devant toi, tu les saisis d’un coup. Il faut les faire réagir, tabarnac ! » Tout cela prête à réflexion ; nous sommes quatre jeunes musiciens croyant tout savoir, mais n’ayant rien vécu… Par conséquent, nous sommes maintenant devenus très silencieux et attentifs, laissant toute la place à l’homme qui, à lui seul, est une sorte de flambeau obscur du rock nous expliquant son parcours : « Moi, je viens de Granby et j’ai commencé à 14 ans à jouer de la guitare. J’ai essayé le drum, la basse, puis même le banjo et le violon… À la guitare je connaissais trois accords, j’ai pris mes premiers cours avec Paul Brunelle, il m’a montré ces mêmes trois accords-là, puis la semaine d’après c’était encore la même affaire. Je me suis rendu compte assez vite que j’en savais autant que lui. Le cours coûtait dix piastres, j’avais l’impression de me faire “fourrer”. J’ai décidé que c’était assez et je me suis dit qu’il ne m’aurait plus jamais – plus jamais ! La même année, je jouais avec un groupe. Les hôtels qui nous engageaient me payaient quinze piastres pour la journée, repas inclus. Il y avait un violoniste qui venait jouer deux tounes, un quadrille et un Paul Jones. Il était payé quarante piastres pour ça. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose qui ne marchait pas à quelque part. C’est là que j’ai décidé d’apprendre le violon, j’ai pris des cours pendant un an avec madame Cassegrain. Je la regardais jouer pour essayer de refaire la même affaire qu’elle. Mais elle, elle me disait de lire les notes écrites sur ma feuille. Il y avait un paquet de notes – un tas de crottes de nez ! – je n’y comprenais rien. Finalement, je n’ai jamais été capable de jouer de cet instrument-là. Et puis surtout, tu as la caisse de résonnance de l’instrument collée sur ton oreille, à chaque fausse note ça te fait crochir les dents… À la fin de mes quatorze ans, je gagnais soixante piastres par semaines. Je jouais la fin de semaine, deux soirs, sept heures par soir. Ma mère me disait : « qu’est que tu vas faire quand tu vas avoir trente ans ? » Hé ! mon père gagnait trente-deux piastres par semaine puis il travaillait soixante heures… J’étais millionnaire – fuck – j’étais millionnaire ! As-tu pensé, un coke, ça coûtait cinq cents… Je donnais quarante piastres à ma mère pour qu’elle achète de la bouffe, puis je me gardais un vingt. Avec vingt piastres, ciboire, j’étais le King du rock and roll. Asteure je suis pauvre comme un ostie ! »

Ce retour en arrière sur la jeunesse de ce musicien né le 12 mars 1948, saisissant pour nous, résonne comme une époque où le rock voit le jour. En 1962, Johnny avait quatorze ans. Cette année-là, les Beatles enregistrent leur premier succès, « Love me Do ». La Beatlemania atteint les côtes nord-américaines deux ans plus tard, au début de 1964. Johnny a alors seize ans et il est membre du groupe Les Rockets depuis quasiment deux ans. Ce groupe change de nom pour : Venthols… Il serait tentant de croire que Gravel est en quelque sorte un émule des guitaristes issus du British rock. Aurait-il tout simplement décortiqué leur langage musical pour le reproduire ? Ce n’est probablement pas le cas. En effet, Jimmy Page, par exemple, connut un succès d’importance seulement en 1969, soit lors de la sortie du premier album de Led Zeppelin. À ce moment, Gravel avait rejoint depuis quasiment un an la formation Les Gants Blancs. Sa structure musicale était bien établie. Il serait plutôt logique de déduire qu’il est un guitariste ayant évolué dans le temps avec les grandes stars du rock, qui, toutes, partagent des influences similaires. Le groupe Les Gants Blancs deviendra successivement Offenbach Pop Opéra, Offenbach Soap Opéra et finalement Offenbach… Le jeu à l’orgue Hammond de Gerry et celui de Johnny à la Stratocaster définissent la sonorité du groupe. En 1972, le premier album du groupe voit le jour : Offenbach Soap Opera. Simultanément, en Angleterre, Deep Purple lance Machine Head. L’instrumentation du groupe et sa facture musicale s’apparentent à celle d’Offenbach. D’autres groupes du même style, plutôt underground, parviennent à se frayer un chemin jusqu’en Amérique : Spooky Tooth, Frumpy et Atomic Rooster aux sonorités Hard rock et quelque peu Prog rock, tout comme Offenbach, qui s’intéresse, entre autres, au son de Genesis…

Si le Progressif rock est déjà présent chez Offenbach, cet aspect s’intensifiera en cette année 1972. Offenbach a un projet d’envergure, un étrange spectacle liturgique avec des chants grégoriens… Le groupe a réussi à s’entendre avec les autorités de l’Oratoire Saint-Joseph pour concrétiser cette messe des morts. L’évènement (une seule représentation) aura lieu le 30 novembre… Lors d’une rencontre en amont à ce spectacle, Michel « Willie » Lamothe (bassiste du groupe) remet justement un disque de Deep Purple à un ecclésiastique pour qu’il puisse constater quel type de spectacle rock qu’Offenbach veut présenter. Il s’agissait de l’album de 1969, Concerto for Group and Orchestra. Lors d’une rencontre subséquente, l’homme d’Église fit son compte rendu : « M. Lamothe, nous avons écouté le disque que vous nous avez amené, et l’on doit admettre que la musique de “Mr. Purple” est très intéressante… » Cet échange dénote bien le fossé générationnel et culturel entre Offenbach et les hautes instances de l’Oratoire. Tout comme Deep Purple, Offenbach fera un album de l’enregistrement de ce spectacle : Saint-Chrone de Néant. La performance de Gravel sur ce disque est hallucinante, sans doute une des plus remarquables de sa carrière. Quasiment tout le vocabulaire de Gravel se trouve sur cet album. La suite de son parcours ne sera que le peaufinage du guitariste accompli qu’il est déjà devenu à ce moment…

« Domine Jesus Christe » à l’Oratoire Saint-Joseph, 1972

 

Le style de Gravel est fort et unique, cadrant précisément avec les schèmes de ceux du Guitar hero. Y a-t-il un guitariste assimilable à Gravel, et ce, parmi tous ceux à avoir émergé au début des années soixante-dix en Occident ? On pourrait se risquer à nommer John Du Can, guitariste du trio Atomic Rooster en 1970 et 1971… Les deux ont une attaque puissante, autant de la main droite que de la gauche ; leurs phrasés sont rapides, secs, saccadés, et souvent joués avec l’index et l’annulaire ; leurs riffs passent fréquemment des aigus aux graves et ils ont troqué au début des années soixante-dix la Telecaster en faveur de la Stratocaster… Il semble que dans la maigre discothèque de disques vinyle appartenant à Gravel dans les années soixante-dix, un ou des disques d’Atomic Rooster s’y trouvaient… Pour ce qui est des premières influences de Gravel, on sait que dans les années soixante il écoutait Django Reinhardt, Duane Eddy et The Ventures. Un mix d’influences assez hétéroclites, à l’image même du jeu de Gravel… Bien entendu, Johnny et Django ne sont pas sur le même fuseau, mais on peut tout de même constater que dans l’intention de leurs attaques en préambules de solos, il y a similitude. Quant à Duane Eddy, pensons à son aspect rock and roll avec ses riffs dans les basses et les rythmiques à saveur Boogie. Pour ce qui est des Ventures, retenons la tonne de riffs dans les basses bien définies et épurées… Grandes lignes des bases du jeu à la guitare de Gravel…

Gravel a indubitablement laissé une signature indélébile dans le paysage du rock québécois, dont il est l’authentique premier Guitar hero… En tant qu’amateur de rock, j’ai toujours prêté un intérêt particulier à ce musicien et j’ai sans cesse cherché à bien saisir l’essence de son jeu. À cet effet, rien de moins convaincant que de laisser le principal intéressé, Jean Gravel (dit Johnny Bizarre), nous dire ce qu’il en pensait en 1994 : « J’ai une touch, je ne sais pas comment tu peux appeler ça… Dans la musique, je vais chercher le sentiment je vais chercher beaucoup d’émotions – le feeling. Je suis un gars émotionnel – si t’avais remarqué… Quand c’est le temps d’ouvrir, j’ouvre et quand c’est le temps de se là fermer, je me ferme, c’est de même que j’ai appris la musique. Il faut laisser de l’espace – de l’air – c’est un peu comme le jazz, mais le vrai jazz, rires ! Calvaire, quand un musicien ouvre, les autres se calment et le laisse aller. Tu ne peux pas être toujours à sept cent-cinquante pour cent, c’est un peu la même approche avec le rock and roll ! C’est ben beau de jouer pour toi-même, mais il ne faut jamais que t’oublies que tu joues aussi pour le monde. C’est important d’aller les chercher, c’est cinquante pour cent de la bébelle… Moi, j’ai toujours gardé mes idées et mes affaires. Jouer n’importe quoi, avec n’importe qui et n’importe comment, je n’ai jamais fait ça de ma vie pis je ne le ferai jamais. J’ai un ostie de fierté du Christ, il n’y a pas personne qui va me casser, je te jure qu’il n’est pas né celui qui va me casser… Même si ce n’est pas toujours payant, puis que je ne roule pas sur l’or, ce n’est pas grave. Moi je fais ma vie comme ça, c’est tout…»

« Johnny’s Venture » tiré du film Métier : boxeur, 1981

 

BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: STEVEN HENRY
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

 

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4 Comments

4 Comments

  1. Pingback: Géo 75 chandelles ! – FamilleRock.Com

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  3. Geo Giguere

    14 mars 2020 at 11:25 PM

    Il a eu 72 ans le 12 mars 2020

  4. Geo Giguere

    11 février 2020 at 5:51 PM

    Superbe texte en hommage a un des geants du rock!

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