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L.A. Woman racines blues

L.A. Woman The Doors
Elektra (1971)
48:24
9/10
Article paru  septembre 2016, Pop Rock 2.0
Republié le 9 novembre 2020 

 

Par Steve Pearson

En 1970, Jim Morrison, le Roi Lézard, arrivait au bout de son rouleau. Les excès d’alcool et la vie rock’n’roll en général avait fait de lui une loque bouffie, hirsute et presque impossible à vivre. Son caractère bouillant et imprévisible avait un effet négatif sur le groupe qui, malgré son succès planétaire, était à la limite de l’implosion.

C’est dans cet état que les Doors arrivèrent en studio pour enregistrer leur sixième album en novembre 1970, peu de temps après la fin du procès de Morrison dans l’incident bien connu de Miami. Les nouvelles chansons écrites pour l’album étaient moins orchestrées et élaborées que celles de The Soft Parade  et retenaient l’attitude plus immédiate apparue avec  Morrison Hotel.

Le réalisateur Paul Rothchild, qui avait été aux commandes des cinq premiers albums du groupe, s’étant désisté au tout début des enregistrements de l’album, la tâche de superviser L.A.Woman incomba à l’ingénieur du son Bruce Botnick et aux membres du groupe. La première décision de la nouvelle équipe de production : sortir des studios Sunset Sound et installer un studio de fortune dans les bureaux même des Doors au 8512 Santa Monica Boulevard à Los Angeles apportant ainsi une atmosphère plus relaxante et conviviale.

Ensuite, de façon à augmenter le son du groupe, on fit venir le bassiste Jerry Scheff – membre du groupe d‘Elvis – et le guitariste Marc Benno.

Le résultat : un album où on sent bien les racines blues d’un groupe arrivé à l’apogée de sa gloire et qui, malgré les failles évidentes de son frontman, arrive à transposer toute la poésie urbaine de textes parfois sombres et nébuleux dans un idiome blues/rock/psychédélique tout représentatif de cette période entre la félicité de l’ignorance des sixties et la froide réalité du monde en évolution des seventies.

L’album, enregistré en à peine six jours, a cette odeur d’immédiat et d’urgence qu’on trouve dans la plupart des enregistrements de la bande à Morrison mais aussi, et ça fait la tristesse de l’opus, une sorte d’impression de finalité qui allait se vérifier quelques mois plus tard quand Morrison sera trouvé dans sa baignoire à Paris comme un Marat du vingtième siècle, l’alcool et les abus dans le rôle de Charlotte Corday.

L.A.Woman contient certains des titres que l’Histoire gardera comme iconique de l’œuvre des Doors.

Love Her Madly – la contribution de Robby Krieger – écrite suite à une dispute conjugale et de facture beaucoup plus traditionnelle que les pièces de Morrison.

Riders on the Storm, une pièce éthérée née d’un jam sur le classique country Ghost Riders In The Sky.

L.A.Woman – la pièce titre – où Los Angeles joue le rôle de l’amoureuse/muse d’un poète désabusé et prêt à quitter cette « femme-ville » qui se donne au plus offrant et qui devient ainsi plus putain que compagne.

Ajoutons ici la sinistre Cars Hiss By My Window issue d’un vieux poème de Morrison et The Wasp (Texas Radio And The Big Beat), clin d’œil à la radio rock’n’roll et à ses héros derrière le micro.

L.A.Woman est un testament qui s’ignore mais qu’on découvre en épluchant un peu l’album pour trouver les facettes subtiles qui se cachent derrière la première impression. C’est, malheureusement, une fin appropriée à une aventure de poésie rock commencée à peine six ans plus tôt, en 1965, à Venice Beach quand Morrison et Manzarek décidèrent de réaliser un démo de six chansons qui allait lancer les Doors sur la voie de l’immortalité.

Transfert # 41
BANNIÈRE : STEVE PEARSON
ÉDITEUR : GÉO GIGUÈRE
RÉVISEUR : MURIEL MASSÉ
SECRÉTAIRE À LA RÉDACTION : RENÉ MARANDA

1 Comment

1 Comment

  1. Geo Giguere

    9 novembre 2020 at 9:02 PM

    un album revelateur dune fin de vie musicale pour Jim .. .. ..

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