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Thibert défend Dionysos

Paul-André Thibert réagit à l’article
1971 : L’Année dorée du Rock’n’roll
de Philippe Beauchemin de la Presse
Publié le 6 janvier 2021
Vues 2,100
Republié le 9 décembre 2021

 

Par Paul-André Thibert

Bonjour M. Beauchemin,

Je suis déçu et surpris que vous ne mentionnez pas le groupe Dionysos dans votre article paru dans La Presse + d’aujourd’hui (édition du 4 janvier). Ce groupe, dont je fus un membre fondateur et le chanteur, fut pourtant reconnu par la presse culturelle de l’époque et par des journalistes chevronnés tels que Georges-Hébert Germain, Yves Leclerc, René-Homier Roy, Juan Rodriguez, comme étant le premier groupe rock original québécois. À la fin de 1971, le groupe avait déjà deux albums à son actif. Ces deux albums, Le Grand Jeu (1970) et Le Prince Croule (1972) viennent d’ailleurs d’être réédités par Return to Analog pour souligner le 50ème anniversaire de leur sortie.

À l’été de 1970 Dionysos a pris demeure à la Galerie Café dans le Vieux Montréal et donnait son spectacle tous les vendredis, les samedis et les dimanches dans un petite salle remplie d’odeurs de pot, de haschich et de patchouli. Nous interprétions des chansons du premier album de Led Zeppelin, qu’un ami du groupe nous avait rapporté d’un voyage en Angleterre, en plus d’interpréter du Deep Purple, du Grand Funk Railroad, du Santana et du Allman Brothers. Mais une large partie du spectacle était constituée de nos chansons rock en français et c’est ce que les spectateurs venaient entendre et qui nous différenciait des autres groupes rock de notre époque qui pour la grande majorité chantaient et composaient en anglais.

Un soir notre gérant (feu Michel Bélanger) amena Donald Lautrec assister à notre spectacle. Donald a aimé ce qu’il a vu et entendu et il décida ce soir-là de produire notre premier album.

En juin 1971 Dionysos représenta le Canada au festival de Jazz de Montreux, dans le cadre d’un spécial rock des pays francophones et fit aussi quelques apparitions à la Télé. En 1971 et 1972, en plus de jouer à la Place des Nations et de participer deux années de suite la Tournée estivale des Concerts Campbell dans les parcs de Montréal, le groupe entreprit une tournée qui l’a mené partout au Québec, dans les Maritimes et jusque dans le nord de L’Ontario.

Vous mentionnez que la réponse du Québec fut tardive à la vague du rock des années 1970-1971 et qu’il a fallu attendre les groupes tels Offenbach, Octobre, Harmonium et Beau Dommage pour que le Québec se mette au diapason de la vague rock internationale. Je m’excuse, mais je ne vois pas Harmonium et Beau Dommage comme une réponse du Québec à l’ère du Rock des années 1970 et 1971. On est très loin ici de Led Zeppelin, Deep Purple ou encore The Who. À la limite, la sortie de Soap Opéra d’Offenbach en 1972 ou encore un groupe comme Morse Code pourrait être perçu comme tel, mais les autres groupes que vous mentionnez, qui sortiront leurs opus qu’en 1975-1976, sont à mon avis, absolument pas associés à ce courant musical rock.

Si on veut parler d’une réponse québécoise au phénomène rock des années 1970-1971, il faut rappeler l’immense succès que fut le Top Festival II, tenu au Centre Paul-Sauvé le 22 mai 1971, lors duquel Dionysos tenait le haut de l’affiche avec les groupes Benjamin, Sex, Performance, Someone, Match et God Bless. Ces groupes tournaient et trainaient partout leur rock au Québec dans les bars et les salles de spectacles des cegeps ou des polyvalentes, devant une foule enthousiaste et pour le moins vaporeuse. C’était ça l’époque du Rock Progressif au Québec.

Parlez avec des gars comme Stephen Stakasi de Prog Music ou encore les gars comme Yves Monast et Géo Giguère de la Famille Rock et Journal Pop Rock, tous des encyclopédies vivantes de la musique Progressive Rock internationale et québécoise.


Pour moi et pour tous les musiciens des groupes rock du Québec, les belles années de la scène du rock d’ici sont les années 1970 à 1976. Après, est venu l’époque du retour à la terre, du folklore, de la guitare acoustique et, pour bien enfoncer le clou du rock, la glorieuse époque du disco et la fermeture des scènes de musique Live. Pourquoi croyez-vous qu’Offenbach s’est exilé presque deux ans en France en 1975 ? Parce que la scène rock n’existait tout simplement plus au Québec.

Offenbach version 2.0 avec l’excellent disque Traversion furent les seuls à obtenir un réel succès vers la fin des années 70 et ce après des années de misère et de vaches maigres, années qui vinrent à bout de la détermination des musiciens de Dionysos.

Je vous invite, Philippe, à visiter la page Facebook de Dionysos Québec 1970 et à me répondre si le cœur vous en dit.

 

 

BANNIÈRE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: STEVEN HENRY
RÉDAC’CHEF : MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

2 Comments

2 Comments

  1. Yvon Paquette

    23 juin 2021 at 3:02 AM

    Tres bon. Merci beaucoup

  2. Ghislain Couture

    7 janvier 2021 at 3:38 AM

    Très intéressant, merci!

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