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Nirvana bio analysée

NIRVANA, une fin de siècle américaine
écrit par Stan Cuesto
9 sur 10
Publié le 12 octobre 2018
Vues 3,300
Republié le 14 août 2021

Analyse de Ricardo Langlois

 

Le 5 avril 1994 à Seattle, Kurt Cobain met brutalement fin à ses jours signant du même coup l’épilogue sanglant d’une fulgurante aventure : celle de Nirvana, le dernier grand groupe rock du 20e siècle.
Kurt est un visionnaire, à l’âge de 7 ans j’étais convaincu que je deviendrais une rock star. Pour moi, ça ne posait aucun problème, j’étais un gosse hyperactif et je tenais le monde entre mes mains. Tout était possible. J’étais à fond dans les Beatles et ne comprenait rien à ce qui m’entourait, au sentiment d’aliénation que j’allais subir avec l’adolescence (p.20).
Il grandit, à l’été 82, il fume de l’herbe et écoute Led Zeppelin et les Beatles. En 1983, il se laisse pousser les cheveux et adopte un aspect négligé. Le look officiel grunge avant son temps. Il fréquente son ami homosexuel, mais à cause d’humiliations permanentes il doit le laisser tomber. L’intimidation, peut-être? Kurt est toujours vierge jusqu’en avril 84 (pour une petite nuit avec une fille qu’il connait à peine). À partir de 17 ans, il dormira à la belle étoile. Il avouera avoir dormi sous un pont en souvenir de quoi il écrira la fameuse ballade Something in the way sur Nenermind.

 

L’Iintensité de Nirvana

En 1988, Nirvana donne un concert catastrophique avec bagarres et interventions de la police (ici j’ai pensé aux Doors), mais l’intensité de la performance est étonnante, Kurt transfiguré (p. 74). Il fracasse sa guitare sur le sol à la fin du show (j’ai pensé à Dieu Hendrix). Ce concert restera longtemps dans la mémoire des étudiants. Nirvana trop propre pour le trash metal, trop pur pour le métal, trop bon pour être ignoré. L’album Bleach sort finalement en 1989. On y trouve déjà l’alternance entre refrains hurlés et couplets plus doux même si ce contraste sera plus tard accentué dans d’autres compos de Cobain. Il dira plus tard avoir noté les premières paroles qui lui passaient par la tête à la veille d’entrer en studio.

Nevermind, la consécration

L’album Nevermind sort le 23 octobre 1991 en Angleterre et le lendemain aux States. Smells like teen Spirit est le premier single selon l’auteur Stan Cuesta, la chanson propulse Nirvana dans un monde qui n’est plus le sien. D’ailleurs Kurt reniera plus ou moins ce titre, le massacrant régulièrement sur scène ou à la télé. Il dira en entrevue : j’essayais d’écrire la chanson pop ultime (en essayant d’imiter les Pixies) je faisais comme si je reprenais les reprises des Pixies.

La griffe Nirvana : grosse basse en avant, guitare saturée, batterie déchaînée, chant hurlé puis, on peut penser à un mélange de punk et de Beatles (p 155). Les Pixies ne sont pas la seule influence décelable sur Smells like teen spirit. Le riff d’ouverture ressemble à celui de More Than a Feeling de Boston. Il s’agit des mêmes 4 accords de guitare joués sur le même rythme.

Pour expliquer le concept de l’album, Kurt devient philosophe et un fin observateur de son époque. Il me semble que nous vivons une époque où l’on se sent parfois honteux et coupables par rapport à la génération de nos parents, du fait qu’ils étaient hippies et défendaient de grandes idées avant de virer yuppies hypocrites au début des années 80. Aujourd’hui, on essaie de trouver sa propre identité.
Coïncidence prophétique, la chanson In Bloom parle en effet d’un fan de rock stupide qui ne comprend absolument rien aux paroles des chansons. Et il aime tirer avec son flingue mais il ne comprend pas ce que ça veut dire (In Bloom) Lithium, l’une des plus belles dotée d’une superbe mélodie traite en parallèle de la folie (le lithium est un médicament pour les maniaco-dépressifs) et de la religion. Je suis si heureux parce qu’aujourd’hui j’ai trouvé mes amis. Ils sont dans ma tête, c’est dimanche matin tous les jours, j’allume mes bougies car j’ai rencontré Dieu.

Kurt Cobain et le grunge

En septembre 1991, le NME écrit : Nevermind est un disque pour les gens qui aimeraient aimer Metallica, mais ils ne peuvent digérer leur absence de mélodies (p.165)… le NME insiste tout de même : le grand disque américain de l’automne…Nevermind marquera la fin d’une époque. Cet album enterre les années 80. Le rock devient excitant, rebelle et grand public. On va assister à la grande récupération grunge et Seattle va devenir le centre du monde avec Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden et Alice in Chains. Quatre formations qui vont développer un nouveau modèle de vie. La musique autrement, le retour à l’âge hippie version 2.0… (même au Québec, Le Dôme de Jean Leloup sorti en 1996, apporte du renouveau…).

La création est un moteur de survie pour Kurt. L’album In Utero est composé en même temps que sa consommation excessive de drogue, de sa relation avec Courtney Love en pleine grossesse. Après la naissance de leur fille, furieuse de le voir se droguer devant elle, Courtney provoque une bagarre qui dégénère.
À cette même époque, Pearl Jam explose avec l’album Ten. In Utero sortira le 14 septembre 1993, 7 jours plus tard il entre numéro 1 au Billboard. La voix de Cobain rappelle celle de John Lennon selon le journaliste. Le premier clip Heart-shaped box est de toute beauté, étrange et inquiétant mettant en scène un vieil homme sur une croix au milieu d’un champs de pavot.

Lettre d’adieu

 

Jim Morrison n’a pas eu le temps d’écrire sa lettre d’adieu sauf peut-être dans ses livres de poésie (écrit à compte d’auteur). Certains artistes n’en peuvent plus tout simplement. Parce que l’artiste est un éternel solitaire.
Voici un extrait de sa dernière lettre:
Mais depuis l’âge de 7 ans, j’ai conçu une haine de tous les êtres humains en général pour la simple raison que ça semble facile pour les gens de s’entendre et d’éprouver de l’empathie. Pour la simple raison que j’ai trop d’amour et de sentiments envers les gens, je suppose. Paix amour et empathie. Kurt Cobain. Puis il y a cette phrase étrange: mieux vaut s’enflammer d’un coup et de s’éteindre à petit feu. Il s’agit d’une phrase d’une chanson de Neil Young sur l’album Rust Never Sleeps. Plus tard, Neil Young considéré comme le grand-père du grunge dira ceci : quelques jours avant la mort de Kurt, j’ai commencé à vraiment beaucoup penser à lui les quatre derniers jours de sa vie, à essayer de trouver une façon cool de lui parler, sans passer pour un vieux con qui cherche à donner son avis.

 

Petite note de l’auteur (Ricardo) : Je l’avoue bien humblement… je n’ai jamais aimé le groupe. À la radio de Châteauguay, j’ai fait jouer abondamment Pearl Jam. C’est à la sortie de l’album acoustique que j’ai redécouvert le grand Kurt Cobain. Écoutez Something in the way, 4 accords de guitare, 8 lignes de paroles sans queue ni tête et une voix qui pleure dans la nuit noire. Coup de foudre !!!

Discographie
Bleach 1989
Nevermind 1991
In Utero 1993
Unplugged in New York 1994
From The Muddy Banks of the Whiskah 1996

INFOGRAPHE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: STEVEN HENRY
ASSISTANTE RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
RÉDAC’CHEF: GÉO GIGUÈRE

6 Comments

6 Comments

  1. Ricardo Langlois..

    11 novembre 2018 at 9:54 PM

    J’ai une bio de Kiss, un album de Dylan, un artiste québécois…
    La liste est longue… En passant merci d’avoir acheté mon recueil de
    poésie…

    Reste comme tu es… toujours lumineuse !!!

  2. Angelique Gatien

    11 novembre 2018 at 5:05 PM

    Vas-tu faire la critique de son journal???

  3. Ricardo Langlois..

    28 octobre 2018 at 12:41 PM

    Oui. J’ai lu son journal en 2003 (un gros livre rempli de manuscrits…
    le mëme jour que j’ai acheté La vallée des réputations de Jean Leloup

    Merci de ta fidélité

  4. Angelique Gatien

    27 octobre 2018 at 3:02 PM

    As tu lu son journal???

  5. ricardo langlois

    19 octobre 2018 at 10:34 PM

    Merci Daniel pour tes précieux commentaires…
    Je t’admire comme ëtre humain… C’est un privilege
    d’avoir un ami comme toi qui aime la musique avec autant
    de ferveur. Merci de m’encourager aussi pour mon recueil de poésie

  6. Daniel Cayer

    14 octobre 2018 at 1:32 PM

    Kurt Cobain, un génie décadent tout comme l’était Syd Barrett. Dire que Nirvana est venu aux Foufs et qu’il n’y avait qu’une quinzaine de personnes dans la salle. Aujourd’hui, si Kurt vivait toujours et qu’on annonçait un retour de Nirvana, le Centre Bell ne serait sans doute pas assez grand!

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