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Morrison Hotel Autopsie

Chronique No #7
Autopsie d’album revisité 
Morrison Hotel de The Doors (1970)
Publié le 18 août 2020
Vues 1700 
Republié le 6 mars 2022

 

Par André Beaudoin

Un lundi soir Géo communique avec moi par téléphone (conférence meeting). On aime bien discuter de nos projets à venir. Le Covid 19 est un sujet de conversation que nous ne pouvons éviter mais tout va bien et la chaleur (+ humidité) à Mtl est aussi un problème actuel… Il me dit qu’il est présentement chez sa sœur, causé par un problème de climatisation. Bon, tout est correct, me mentionne-t-il. On parle…. Bla, Bla, Bla et la question qui tue (toujours à l’affût d’un scoop), quelle sera la prochaine autopsie revisitée, quel album parmi les 750 et plus? J’imagine Géo avec une oreille énorme qui attend ma réponse. Je lui mentionne que j’avais déjà choisi dans sa discographie personnelle et remarqué, qu’il avait beaucoup d’albums des Doors mais lequel  choisir ? Il ne sait vraiment lequel, alors, je suggère un album qui pour moi le représente très bien; The Doors, Hard Rock Cafe, Morrison Hotel. « OUI ! me répond-t-il…. très bon choix ! » Le soleil, la route sans destination, la paix, l’amour, la vie et un trip musical sans fin. Nous sommes d’accord…

Serez-vous avec nous pour ce voyage dans un monde de quatre personnages très spéciaux avec un style très imparfait pour l’époque ?

Toujours pour se mettre dans l’ambiance de la chronique, faisons ensemble un retour sur les années 1970 , parlons de nous à Montréal en 1970, qui marqua le triomphe de CKGM.FM, plus tard CHOM et de la même façon chaque grande ville pouvait compter sur un « poste de radio de rock progressif ». C’est là que le nouveau rock pouvait prendre ses véritables dimensions: par exemple, l’imposant opéra-rock Jésus Christ Superstar n’aurait pas pu être entendue à la radio AM, qui faisait des pauses publicitaires à toutes les trois minutes.

Le groupe le plus percutant de l’année tournait depuis un an sur les ondes d’avant-garde. Led Zeppelin avait depuis 1969, deux solides microsillons qui deviennent d’énormes succès de ventes. On disait que ces quatre musiciens remplaceraient les Beatles. L’avenir a donné raison à cette réalité. Je crois que le monde rock s’était scindé en deux et les deux tendances allaient se distancer de plus en plus avec le temps.

La belle humanité qu’avait provoquée les Beatles était brisée et après la fin du quatuor de Liverpool, chacun, avec son morceau de l’héritage du groupe disparu, prenait je pense, son propre chemin en tournant le dos au passé. Les groupes de 1970, 71 et 72 produisaient des microsillons qui ont marqué leur époque: Meddle de Pink Floyd, Who’s Next des Who, Aqualung de Jethro Tull, Tarkus de E L P, Sticky Fingers des Stones, le quatrième album de Led Zeppelin et L.A. Woman des Doors. Ce groupe et leur album Morrison Hotel (Hard Rock Cafe) que nous allons spécialement autopsier.

Le Rock quant à lui, suite à des chanteurs comme le groupe d’Alice Cooper, David Bowie, Rod Stewart, etc…  s’étaient sophistiqués à un point tel que la scène musicale prenait des airs de bordel de luxe. Les culottes serrées, tout pour choquer, attirer l’attention, il fallait être « décadents » et afficher ses phantasmes sans fausse pudeur !

Celui qui nous intéresse pour cette chronique d’autopsie revisitée est l’album Morrison Hotel (Hard Rock Cafe). 1970 avait redonné au Rock toute sa dimension sexuelle, Jim Morrison des Doors, sex-symbol, prêche l’amour libre et les drogues hallucinogènes qui poussent à la révolte, encensent les marginaux et surtout provoquent des mots de protestation à propos de la guerre. Tenir tête aux autorités policières et s’engager dans des luttes politiques et sociales.

Il décède à Paris le 3 Juillet 1971 et en rejoignant Janis et Jimi au paradis du Rock, il devenait le troisième « J » de la trinité des grands disparus.

Nous découvrirons dans cet album, des hymnes à l’amour physique, au chaos et à la mort. Aucun accord musical, aucun texte ne peut donner une idée de toutes les atrocités qui sont commises en notre nom par les pouvoirs établis. « Papa, je veux te tuer, Maman, je veux…! Jim Morrison et les Doors sont le symbole de la nouvelle subculture californienne que nous allons vivre ensemble. Que l’on apporte le corps (l’album) et débutons l’autopsie revisitée.

Titre : Morrison Hotel. Hard Rock Cafe. The Doors.
Produit par  : Paul.A. Rothchild février 1970.
Compagnie. Studio enregistrement : Elektra Record. 1855 Broadway, New York. N.Y 10023.
Ingénieur de son : Bruce Botnick. Dessins et iilustration (photo) : Gary Burden, Henry Diltz.
Musiciens, chanteurs, chroristes et instruments.
Ray Manzarek – (piano, orgue), Robbie Krieger – (guitare), Jim Morrison – (chanteur), John Densmore – (batterie), Ray Neapolitain – (basse), Lonnie Mark – (basse sur les morceaux Roadhouse Blues et Maggi M’gill). Spécial (G. Puglese) pseudonyme de Jonh Sebastian – (harmonica sur Roadhouse Blues).

Face A : (Hard Rock Cafe)

1 – Roadhose Blues. Composition: J. Morrison, J. Desmore. Durée: 4:04.
Je commence par faire une incision dans l’intérieur du bras droit (côté A de l’album). Je remarque des bleus (blues), un son parfait pour débuter ma transfusion de liquide. L’harmonica apportait un rythme à cette pièce qui lui donnait une similitude avec les autres instruments et la voix de Jim. Instrumentalement, entre les inflexions et accents de guitare piquants et la fluidité à travers le battement de piano à plein régime, la nature cohésive des DOORS en tant qu’unité musicale, peut avoir été sans doute égalé, mais n’a jamais dépassé leurs efforts sur cette pièce.

2 – Waiting for the Son. Composition: Jim Morrison.  3:58.
Avant que vous me disiez ce qui ne va pas, je remarque que le son a changé. Le corps (l’album) est légèrement bronzé sur cette pièce. En attendant le soleil, je le vois debout là, près de la mer au rivage de la liberté. L’orgue sur un fond de style magique au début et avec un impact solide à chaque instant, toujours secondé par la voix et le texte sensiblement étrange. Il disait qu’il était arrivé le temps de vivre sous les rayons de soleil dispersés.

3 – You Make Me Real. Composition: Jim Morrison.  2:50.
Le corps a subi une transformation à ce moment, je constate un rockabilly derrière la tête, une facilité à apporter ces modifications dans un style propre à eux, la colonne est demeurée solide, mais tout cela est-il réel, l’amour et la liberté…? La transfusion se passe très bien.

4 – Peace Frog. Composition: Jim Morrison , R Krieger.  2:52.
Bon, il y a du sang qui coule par terre, comme Jim Morrison le dit, du sang à mes chevilles, du sang à mes genoux. Le rythme rock blues revient en force dans cette pièce. Quel poète… il utilise très habilement dans cette chanson, les mots qui donnent ces imageries sanglantes. Je reprends la transfusion de liquide qui avait fait défaut, on garde le contrôle.

5 – Blue Sunday. Composition: Jim Morrison.  2:08.
Petite incision pour voir si le cœur avait subi un choc ou un traumatisme. Cette pièce qui à l’origine avait été écrite en 1965, qui est mentionnée dans le dossier médical du corps (album) représente le style blues rock du groupe dans ces années 65. Courte chanson d’amour dramatique-lyrique des Doors, les paroles et la voix sont bien différentes que la pièce précédente (Peace Frog), d’un rocker à un crooner. Ces deux pièces qui se suivent sur l’album ont été souvent reprises combinées dans plusieurs stations de rock classique. On referme, inutile d’aller plus loin. Je remarque que le cœur avait beaucoup souffert d’amour.

6 – Ship of Fools. Composition: Jim Morrison, R Krieger.  3:06.
Qui est Mr. Goodtrips son nom apparaît sur cette pièce, il est identifié à la pollution de l’air, le smog. Ho, Morrison avait-t-il des problèmes aux poumons à vérifier pour le rapport d’autposie ? La Californie était déjà très affectée par la pollution. J’écoute le rythme des percussions de John Densmore, le clavier de Manzarek et la voix toujours cette voix. Navire d’imbéciles, montez à bord le smog vous aura bientôt. Prémonition, peut-être. Crochet sur poumons c’est vérifié pour moi.

Face B  (Morrison Hotel)

1 –  Land Ho. Composition: Jim Morrison, R Krieger. Durée: 4:08.
Je vérifie au niveau des membres inférieurs, routine. J’aime vérifier l’ensemble du corps (album). Première constatation, il a de grands pieds, il devait sûrement aimer la liberté, l’espace chantant des chansons d’amour et de la mort comme pour libérer les hommes. Un très bon blues country que je dirais à la saveur Johnny Cash (Rusty Cage Lend). Un rythme soutenu du début à la fin, sauf quelques ralentis pour mieux apprécier l’orgue et la guitare électrique (solo) et nous porte à se demander, si il y avait vraiment une fin avec Morrison.

2 – The Spy. Composition: Jim Morisson.  4:15.
Cet espion dans la maison de l’amour, il connait ta peur secrète et la plus profonde. Le rythme de cette pièce que je trouve très subtil, un exemple; Daniel Boucher dans Bizz! Bizz! (ma gang de malades) et d’autres qui ont perfectionné cette performance musicale et lyrique, la construction des sons et paroles (mots) que l’on veut entendre seconde par seconde. Je regarde la fiche du corps (infos) pour en savoir plus. Il vivait à ce moment une relation intense, troublée avec Pamela Courson. Amour de longue date inspire cette poésie  » Je suis un espion, je peux te voir, ce que tu fais…je le sais« .

3 – Queen of the Highway. Composition: Jim Morrison.  2:47.
Oh, Oh, que le temps passe vite, je n’avais pas remarqué que le transfert des liquides était terminé. Sans m’en rendre compte, le groupe apportait une décomposition « figure de style » et que Morrison le sentait très bien dans cette pièce. Il dit  » Ils auront bientôt une progéniture et recommenceront (le monde) à nouveau, dansant à travers le tourbillon de minuit « . Princesse, reine de la grande route. Humble constatation que ce corps (album) était rempli de subtilité issue de leur performance, propre à eux.

4 – Indian Summer. Composition: Jim morrison, R Krieger.  2:33.
On dirait que le corps (album), à ce moment précis aurait pris de la couleur d’été, couleur d’été indien. Joe Dassin sort de ce corps. Je sens une légère odeur qui me fait revenir en 1965 au démo de cette pièce enregistrée, même si la formation n’appréciait pas la qualité sonore qui n’était pas à la hauteur. En parlant d’estimation pas à la hauteur, je dois prendre la mensuration du corps (album ) ne vous faites pas d’images subjectives, même si cette chanson dépeint l’un de ces amours au cours d’un été indien. Vite on termine l’autopsie il me reste 4 minutes 24 secondes.

5 – Maggie Mc Gill. Composition: Jim Morrison.  4:24.
Dernière vérification, ils sont derrière la porte et ils attendent le corps (album) la conclusion de mon autopsie revisitée. Dans cette pièce finale du corps ; sujet, le fils illégitime d’une star du Rock’n Roll, la rencontre de maman et papa sur le banc arrière d’une voiture. Musique soutenue avec brio de Jim et The Doors. Je regarde son visage une autre fois, un vieux Blues Man. Et je pense que vous comprendrez qu’il a toujours chanté le Blues depuis que le monde a commencé. Bon, direction (Tangy Town) S.V.P, apportez l’album à cet endroit, les gens là bas aiment vraiment Maggie Mc Gill. Allez-y.

Avec un album comme Morrison Hotel (Hard Rock Cafe), on comprend très bien la génération de 1970. La révolte prend aussi des accents électriques. Ça se ressent aux bouts des doigts, une image de poète rebelle qui se voulait le porte parole et surtout la conscience de toute une génération. Le Roi Lézard 1966, début d’une histoire qui apparaît sans fin, Riders on the Storm, The End et un cri de ralliement We want the world and we want it now de When the Music’s Over. La provocation devient le lot quotidien pour le groupe en spectacle. Cérémonie entre interprétation satanique et insultes contre les forces de l’ordre, s’attirent les foudres du F.B.I.en mars 1969 (Miami).

En conclusion, Méditation transcendantale ont sûrement apporté sur cet l’album la poésie et le mysticisme qui les fascinent. Les Doors s’imposent avec je trouve, beaucoup d’expérimentations, R. Manzarek, John Densmore, Robbie Krieger subliment cet opus et Jim Morrison séduit avec ces textes autant il dérange.

Courte carrière dirons nous, mais quel poète chanteur avec le look « James Dean » pour ce groupe, The Doors ! 

Infos complémentaires et réf. (Rock vinyls. éditions du Layeur).

BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: STEVEN HENRY
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

5 Comments

5 Comments

  1. Yvon+Paquette

    25 Décembre 2020 at 5:49 PM

    Excellent analyse, et ce chanson par chanson. Merci André

  2. Géo Giguere

    19 août 2020 at 7:48 PM

    Tres bien dit poète Langlois
    J’ajouterais qu’il a aussi été piégé et finalement tué par drogues et alcool…
    Quelle tristesse

  3. ricardo langlois

    19 août 2020 at 2:23 PM

    Morrison est devenue une idole du rock malgré lui. Il s’est piégé lui-mëme et le star système en voulait toujours plus !!! C’était avant tout un lecteur Nietsche,Kafka, Camus, TS Eliot, Blake, Kerouac, Rimbaud… Malgré tout, il est un grand chanteur a la fois mi-ténor mi-baryton… C’est une rock star qui révait d’ëtre un poète

  4. Geo Giguere

    18 août 2020 at 10:33 PM

    EXCELLENTE ANALYSE EN PROFONDEUR !

  5. Larry Todd

    18 août 2020 at 7:37 PM

    Eh bien, quelle belle analyse, une réussite pour le site, Bravo André Beaudoin,,et a l équipe du montage,, merci a tous…

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