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Metallica Ozzy Nirvana

1991 
Publié le 11 février 2022
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Republié le 13 mars 2023

Par Ricardo Langlois

Pas facile les années 90 ? Après avoir connu une décennie de métal de tous genres, Phoenix mis en cendres pour mieux renaître. Je suis animateur à la radio. J’anime aussi une émission de jazz. Je découvre la littérature québécoise. Je suis sensible à la nouvelle musique. Plus tard, il y aura Nine Inch Nails, Green Day, Radiohead… Le monde du grunge a ouvert plusieurs portes. Notre rituel au rock, à la célébration des guitares rock est toujours omniprésent dans nos cœurs d’enfants. Je vous propose 5 choix. C’est personnel. Il y a des trésors partout.

1-Metallica, Black Album

Douze titres dont deux power ballades (The Unforgiven et Nothing Else Matters). Fini le trash metal, les riffs composés par James Hetfield sont à mid-tempo. Les solos sont plus mélodiques. L’atmosphère est sombre. Le son est travaillé (la qualité de l’enregistrement, le mixage). And Justice for All était excellent mais le son était pauvre. 

Le Black Album est un album impeccable. Tout est bon de A à Z. Je vous en parle et je tremble comme un saule. Je me souviens à quel point, j’avais écouté cet album (4). Même dans nos road trips de Mirabel jusqu’en Gaspésie. À partir de Ride the Lightning, j’avais pressenti la magie. Le poème noir du métal (beau comme un diamant). On montait le son. On braillait comme des enfants. Metallica définit le métal. Il décloue les autres bands. Ils sont uniques. C’est un vertige.  Je suis assis au fond du camion, en boule, je chante, je crie. Je prie tous les dieux pour cette musique.

Je me souviens de ma première rencontre avec le groupe de l’autobus jusqu’à l’hôtel. Leurs visages d’éternels enfants. Plus jeune, j’aurais pris un plaisir fou à apprendre les accords. Écoutez la voix de James Hetfield, les riffs d’un ciel de pluie de Kirk Hammett. Je suis sur l’aile du temps. Je vous parle de mon amour pour Metallica. Forever.

2– Nirvana, Nevermind

Du jour au lendemain, Seattle devint, grâce à Nevermind, un eldorado musical, les maisons de disques s’y ruèrent en quête du prochain groupe grunge à la mode. Seattle n’avait pas eu une telle importance musicale depuis Jimi Hendrix.

Voilà pour le contexte, maintenant penchons-nous plus précisément sur ce chef-d’œuvre.

Trois-quatre accords basiques, des solos peu complexes, pas de quoi fouetter un chat dira-t-on. Oui, mais non. Ces 3 -4 accords posent une base simple mais d’une efficacité redoutable, l’alternance de passages calmes et plus violents est tout à fait judicieuse et apporte une vraie tension. Imiter Kurt Cobain, c’est-à-dire rejouer ses compositions, est plutôt facile, je le concède, mais composer des rythmiques aussi efficaces soi-même, comme le fit Cobain, c’est un peu plus délicat.

On ajoute à cela une voix éraillée au possible (et quelle voix! capable de chanter plus que correctement, de gémir avec émotion et de crier toute sa rage et son désespoir), des chœurs dans une pure tradition pop, une batterie galopante, une touche de basse un peu groovy. C’est entraînant, c’est entêtant, obsédant, comme un morceau pop version punk rock qui aurait perdu de sa naïveté. Oui parce que simple ne signifie pas ici léger.

Les chansons offrent un climat semé de quelques ombres que l’on retrouve davantage dans les paroles mystérieuses de Cobain. Celles-ci alternent paroles sérieuses et auto-dérision, Kurt Cobain détruit constamment son discours (chose qui est beaucoup plus présente dans son Journal) : extrait de Lithium : I’m so excited I can’t wait to meet you there But I don’t care.

Le sens est parfois délicat à trouver sous cette tonne d’allusions étranges, mais les paroles ont la capacité de fonctionner comme des incantations, elles marquent l’esprit et coulent de source. Je ne vais pas oser mettre les paroles de Cobain au niveau des poèmes de Mallarmé qui cherchait, lui, l’incantation, mais ce que Cobain recherchait, c’était dans le fond peut-être quelque chose de similaire qui ne s’attarde pas sur un sens trop net et vain que l’on pourrait épuiser en une seule écoute.

3– Ozzy Osbourne, No More Tears

Ça va être son plus gros succès commercial et faire décoller les ventes de tous ses albums au niveau planétaire. Il faut dire que ce disque est un vrai petit chef-d’œuvre. L’album qui fera de Zakk Wylde ce qu’il est aujourd’hui, une référence dans le monde de la guitare, grâce à ses riffs groovys, techniques non dénués d’un certain feeling. L’album ne tranche pas avec ce qu’Ozzy a fait jusqu’à maintenant, mais ici toutes les compositions ont été soignées et révèlent leur richesse au fil des écoutes, avec l’inspiration qui en fait un grand disque tout simplement.

Le son lourd, puissant et moderne n’a pas pris une ride trois décennies après sa sortie. Il fait partie de ces albums intemporels où les succès s’enchaînent les uns après les autres et ont chacun leur propre personnalité. J’ai redécouvert Ozzy avec ce disque et c’est vrai que j’y suis particulièrement attaché sentimentalement, mais on peut dire sans sourciller que No More Tears fait partie des grands classiques du Madman en compagnie des albums de l’ère Randy Rhoads. Un must!

4 – Soundgarden, Badmotorfinger

Grâce à son talent d’écriture, Soundgarden a livré un chef-d’œuvre. Le groupe avait finalement trouvé son identité sonore. Des trois albums à succès regroupés sous l’appellation Grunge cette année-là, le trio fut complété par Nevermind de Nirvana et Ten de Pearl Jam. Celui de Soundgarden était le plus sombre et le plus difficile à aborder. Et de loin.

Un opus qui a été plusieurs fois Disque de platine, que l’on joue aujourd’hui dans les stades, peut- être, mais qui montre les crocs. Trois décennies plus tard, cela reste le mouton noir du grunge. Rusty Cage a été repris par Johnny Cash. Cornell a eu des compliments pour ses textes. Une grande partie du succès de Soundgarden provient de leur capacité à fusionner des idées de rock progressif (signatures temporelles étranges, accords alternatifs, riffs atypiques) avec du hard rock fort et triomphant des années soixante-dix – les débuts d’Aerosmith, Sabbath, Zeppelin, the Who etc sont référencés.

Mais les racines post punk / indie du groupe empêchent le disque de devenir générique. Les paroles sont originales tout au long, bien que les deux ou trois derniers morceaux soient un peu identiques, la production de Terry Date est également plus froide que le travail de Michael Beinhorn sur le plus dynamique et sonorement supérieur Superunknown..

5. Guns N’ Roses, Use your illusion 1

C’est fin 1990 que Guns n’Roses décide de se réunir pour accoucher du successeur du multi-platine Appetite for Destruction. Débarrassés de leurs problèmes de drogue (sauf le batteur Steven Adler qui n’arrivera pas à décrocher à temps et qui sera remplacé par Matt Sorum et par le claviériste Dizzy Reed). Ils veulent enregistrer toutes leurs chansons et faire table rase par la même occasion. Ce qui devait être deux doubles albums (!) se verra transformer en deux albums simples remplis au maximum et qui sortiront en même temps, fait extrêmement rare dans le monde de la musique. Prévu d’abord pour mars, puis mai, ce sera en septembre 1991 que le public pourra enfin écouter un des albums les plus attendus de l’histoire du rock.

Le choc est inévitable : l’appétit de détruire du premier album a disparu au profit de chansons plus rock, plus blues, plus matures et arrangées. Des chansons calmes parsèment ici et là les deux albums avec une multitude d’instruments nouveaux (cuivres, chœurs, piano, synthétiseur ?) Le groupe a mûri, les textes aussi, le style des chansons est plus varié ? Bref, ces deux albums sonnent un renouveau bienfaiteur pour le groupe.

Mais ce qui est le plus marquant est le fait que chaque chanson soit écrite par un musicien puis aidé par un ou deux autres à l’occasion. Il n’y a alors plus l’effet de cohésion du début, l’album s’en ressent et semble quelque peu disparate.

Le premier volume des Use Your Illusion est le plus rock des deux, les chansons y sont plus musclées et plus directs. Entre Right Next to To Hell (où Axl règle ses comptes avec sa voisine de palier puis sa mère pour enfin généraliser avec la gente féminine avec qui il a eu de nombreux déboires amoureux ou tout simplement des problèmes de communication), Perfect Crime, Back Off Bitch (très bonne chanson pour apprendre les gros mots en anglais), Garden of Eden ou encore Don’t Damn Me.

Guns n’Roses montre qu’il a encore du mordant et qu’il ne faut quand même pas les ranger dans la même catégorie que Bon Jovi ou Poison. C’est du Hard Rock classique bien interprété qui donne la pêche. Le chant d’Axl est vraiment unique et amène un petit quelque chose en plus ? On peut ne pas aimer son caractère abominable, force est de reconnaître ses qualités de chanteur charismatique.

Notes

 – Pour Metallica, lire article complet sur famillerock.com.
 – Nirvana et Guns N Roses, recherche sur albumrock.net.
 – Soundgarden, inspiré d’un article dans la revue Les légendes du Rock.

Ricardo Langlois est critique musical sur famillerock.com. Il est aussi critique littéraire sur lametropole.com. Il a écrit plus de 70 articles pour le site de l’Uqam dans les années 2000. Il a écrit quatre livres de poésie. Son dernier livre L’empire est maintenant disponible.

 

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