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Levac Genesis Collins

Martin Levac, seul personnificateur officiel de Phil Collins se raconte!
Publié le 14 avril 2023
Vues 777 
Republié le 19 avril 2024

Par André Thivierge

La vie de Martin Levac a été associée à Phil Collins et à Genesis depuis son adolescence. Batteur et chanteur, sa passion pour la musique et la vie de ce personnage plus grand que nature lui ont permis de vivre et de faire des rencontres hors du commun. Il s’est confié à Famille Rock, quelques jours à peine avant son spectacle Genesis – Phil Collins à Gatineau le 7 avril 2023.

Photo: Véronique Pelletier

L’éveil de la musique

Famille Rock (FR) : Est-ce que ton amour de la musique vient de tes parents ? 

Martin Levac (ML) : Je suis le seul musicien de la famille. Par contre, mon grand-père maternel était drummer. J’avais 15- 16 ans quand il est parti mais j’ai eu la chance de le connaître. Il me racontait ses histoires de shows qu’il avait fait. Il jouait professionnellement, imagine dans les années 40 à Montréal. Il jouait pour des parties, des mariages et toutes sortes d’affaires. Il me racontait toutes ces histoires de show qu’il avait fait. Puis c’était passionnant. Ça, j’imagine que ça, va être ma première influence si tu veux.

FR : Tu as reçu ta première vraie batterie à 13 ans et formé un groupe avec des étudiants de ton école qui s’appelait Chester–Phil.

ML : Moi, dans ma petite enfance, chez nous, ça écoutait toutes sortes d’affaires. J’ai été chanceux, mes parents étaient des amateurs de musique de toutes sortes. La chanson française à aller jusqu’à Pink Floyd, The Wall  puis en passant par tout ce qui est rétro, les Beach Boys, Chuck Berry. Mon père écoutait beaucoup de musique, ma mère aussi. Ma mère, c’était surtout la chanson française. Lama, Aznavour, Ferré. Puis il y avait beaucoup de Québécois, Plume, Offenbach, Harmonium. 

Chuck Berry | Rock & Roll Hall of Fame

L’amour de la musique de Genesis et Phil Collins débute tôt !

FR : Est-ce que ton amour pour la musique de Genesis et pour Phil Collins date d’un si jeune âge ?

ML : Bien, tout ça a éveillé mon esprit. J’allais patiner à roulettes au palladium. À Longueuil en 83, c’était la version de You can’t Hurry Love de Phil Collins. Et là j’ai fait le tour de la patinoire et je volais là, je patinais plus. Je me suis même fait siffler pour me faire sortir. Mais à partir de ce moment-là, j’avais la voix de Phil Collins dans mon oreille.

Je voulais réentendre cette voix-là, j’avais 12 ans, 13 ans, j’ai cherché parce que tu sais à cet âge, je ne parlais pas anglais, j’avais pas de sous pour aller m’acheter moi-même des disques, chez le disquaire, fait que j’écoutais la radio, j’essayais de trouver ma toune à la radio, puis de pogner Genesis, Phil Collins, ça jouait souvent, mais l’animateur nommait pas nécessairement ce que c’était. En tout cas, ça m’a pris une couple d’années, à savoir que c’était Phil Collins, imagine quand je l’ai su à 15-16 ans. En l’espace de quelques mois, je suis passé de No jacket Required et j’ai reculé dans la discographie de Genesis vers Trespass, donc en l’espace de quelques mois j’ai tout acheté, tout ça là. J’avais ma petite job d’emballeur chez Steinberg, fait que c’était parfait. Je vais me payer mes disques.

FR : On est au début des années 80, la musique progressive n’est plus à la mode au profit de la musique plus synthétique. Qu’est-ce qui fait en sorte que ce soit Phil Collins qui attire ton attention comme adolescent ?

ML : C’est que moi, j’aime l’œuvre au complet. Mon premier album de Genesis, c’est Invisible Touch et mon premier show de Genesis que j’ai vu, c’est We Can’t Dance. Mais sinon, c’est ça, je suis tombé en amour avec l’œuvre complète. Je te dirais même avec la famille complète. Là tu sais comment on parle de Steve Hackett en solo, de Mike and The Mechanics, de Paul Carack, de tout cet univers. Ça m’est rentré dans les veines à l’âge de 15-16-17 ans, puis c’est pour ça que j’ai appelé mon band Chester–Phil à l’âge de 15 ans, parce que déjà j’étais fan de Chester Thompson et de Phil Collins.

FR : Est-ce à l’adolescence que tu décides de devenir un batteur gaucher pour mieux saisir les nuances du jeu et imiter Phil ou cela viendra plus tard ?

ML : À cette époque-là, on n’avait pas Internet. La seule manière de voir nos artistes, c’était les émissions de vidéoclips comme Musique Plus. Le premier show en fait que j’ai vu c’était à TQS, Télévision 4 Saisons le vendredi soir, on y passait des artistes en concert. Il y avait eu les Rolling Stones en concert, Let’s Spend The Night Togheter, puis il y a eu un moment donné No Jacket Required. Le show de Phil Collins tournait en 85, puis là, on l’a enregistré sur VHS.

Puis c’est là que j’ai vu Phil Collins chanter pour la première fois de mes yeux vus, puis que je l’ai vu jouer du drum. Dans les mois qui ont suivi, je me suis cassé la cheville. J’ai eu un plâtre, je pouvais plus jouer de bass drum de mon pied droit, j’ai dit ah pour le fun, je vais essayer de virer ça de bord, faire comme Phil et finalement jouer avec le kit à gauche pour faire comme lui.

FR : Malgré ton amour pour cette musique, tu rêvais ultimement de vivre de ta propre musique, n’est-ce pas ?

Ça, c’est arrivé plus tard. Ouais, je te dirais que c’était vraiment le trip Phil Collins. Là, entre 16 et 20 ans, c’était intense, je voulais être et vivre comme Phil Collins. Puis je regardais en boucle l’épisode de Miami Vice dans lequel il jouait. Je m’habillais comme lui, je perdais mes cheveux comme lui, j’étais content, puis écoute, c’était non, c’était maladif là.

J’ai réussi à maîtriser la même voix que lui. Je l’imitais aussi en parlant. J’ai travaillé mon imitation intensément. Je te dirais entre 15 et 20 ans, puis à 20 ans. Mais là évidemment, comme tout le monde, je ne voulais pas être Phil Collins dans la vie. Je ne voulais pas être un personnificateur. Moi je faisais d’autres imitations aussi, j’imitais Gerry Boulet,  j’imitais, plein de monde.

FR: Alors, est-ce que lorsque tu deviens un jeune adulte, tu te consacres 100% à la musique ou dois-tu te bâtir une carrière en parallèle ?

À 20 ans, j’ai commencé à écrire mes propres chansons, puis vouloir faire une carrière solo comme artiste indépendant et auteur-compositeur. J’ai été finaliste 2 fois au Festival de la chanson de Granby. Oui comme auteur-compositeur-interprète en 1996 et 1998.

FR : Et les choses se sont bien déroulées pour toi au Festival de la chanson de Granby. Assez pour poursuivre ton rêve?

ML : J’arrive avec mes tounes, il y avait un groupe accompagnateur, c’était des musiciens professionnels qui nous accompagnaient.

FR : Et un certain Michel Rivard t’as dit à l’époque que tu avais de bonnes chansons.

ML : Effectivement, oui. Michel Rivard, qui est venu me dire que j’avais des bonnes tounes, mais entre autres, c’est que je me suis mis chum avec les musiciens du band. Et je me suis trouvé une job grâce à ça comme drummer dans un band corporatif, en plus de mon band de bar dans lequel je chantais depuis que j’avais 16-17 ans. J’ai essayé de m’inscrire en musique 2 fois au Cégep Saint-Laurent, et j’ai été refusé les 2 fois. Dans ce temps-là, il y avait peut-être 27 drummers qui appliquaient mais on en prenait 7.

Malheureusement, je n’avais pas une bonne lecture visuelle, j’avais des faiblesses en dictée et en solfège. Donc, on prenait des candidats qui avaient des notions meilleures que les miennes. Donc, quand j’ai vu que j’étais refusé en musique, je me suis inscrit au DEP en carrosserie automobile. Puis j’ai fait de la carrosserie automobile pendant plusieurs années, j’en fais d’ailleurs encore. Après ça, j’ai enseigné la carrosserie automobile pendant 20 ans. De 1993 à 2013, j’ai enseigné tout en faisant de la musique et tout en faisant des tournées.

Premier album L’amour ou le sexe en l’an 2000

FR : Tu as décidé d’offrir un album en français. Comment ça a été perçu par le public ?

ML : C’est passé totalement inaperçu justement. C’était un album d’auteur, comme on disait dans ce temps-là, indépendant. J’ai produit ça moi-même. J’ai fait une levée de fonds, en fait, je vendais des petits cartons à 20 dollars en prévente. Puis j’invitais le monde au lancement. C’était tous des musiciens professionnels, tous des chums, mais ça n’a pas levé. Je n’étais pas du type à aller cogner aux portes des compagnies de disques, mais je trouvais ça gênant. Je trouvais ça intimidant ce côté-là. Il aurait fallu quelqu’un qui gère ça à ma place. Puis je n’avais personne dans ce temps-là.

Débuts avec Musical Box et deux premières rencontres avec Phil Collins en 2002 et 2005

FR : Est-ce à ce moment que tu décides de te lancer dans la personnalisation de Phil Collins ?

ML : Exactement, c’est ça, c’est là que le coup de téléphone de Musical Box est arrivé 2 ans après le lancement de mon premier album. Autrement dit, je me disais, t’as des choix ? À faire, qu’est-ce que tu fais ? Tu veux pousser une carrière solo ou tu veux être musicien à temps plein ? J’ai mis un hold sur l’école de carrosserie. Puis je suis parti en tournée avec Musical Box, puis ça a duré 5 ans.

FR : C’est à ce moment que tu perfectionnes tes talents de personnalisateur ?

Ça m’a donné une rigueur extraordinaire au niveau de la batterie. Puis toutes les voix que Phil Collins faisait n’étaient pas banales, c’était toutes des petites voix falsetto. C’était beaucoup, beaucoup d’ouvrages, puis je me suis tapé tout cela, tu sais, de Nursery Cryme, Foxtrot, Selling England By The Pound,  puis un petit peu de Tresspass.

FR : Tu personnaliseras pour la première fois Phil en chansons avec More Fool Me de Selling England By The Pound

ML : Je me suis fait huer par les gens dans le public. Oui, ça arrivait souvent en fait. Quand les gens vont voir un show de Musical Box pour la majorité des gens dans la salle, ce sont des fans purs et durs de l’époque. Plusieurs considéraient Collins comme un espèce de clown qui a pris la place de Gabriel, fait que moi, j’ai entendu toutes sortes d’affaires, là pendant les 5 années que j’étais dans le band. Fallait pas que je le prenne personnel. Les gens me criaient, Phil, Go Solo! Là, ça partait à rire, ça criait du fond de la salle. En tout cas, moi je faisais ce que j’avais à faire. J’étais dans le personnage, puis je chantais du mieux que je pouvais. Toutefois, les gens finissaient par me respecter car je rendais le tout très fidèle à l’original.

FR : Dans quelles circonstances rencontres-tu ton idole dans les studios de CKOI en 2002 ?

ML : En fait, c’était même avant Musical Box. On était en répétition mais on  n’avait pas commencé la tournée encore. Puis Phil Collins était à Montréal pour la tournée promotionnelle de l’album Testify. Il passait par tous les médias montréalais. Puis il y a quelqu’un, un de mes chums qui connaissait quelqu’un à CKOI à Montréal. Puis qui dit Hey, on va faire rentrer Martin avant. J’avais une entrevue devant public, ils m’ont fait rentrer avant le public pour que je puisse rencontrer Phil Collins tout seul. Il m’a mis à l’aise en partant.

Il m’a considéré comme un collègue de travail. Faites-vous telle affaire, est-ce que tu chantes More Fool Me dans le show ? Est-ce que tu fais telle voix ?  Est-ce que tu joues gaucher ? Il me posait plus de questions que j’avais l’occasion d’y en poser. C’était drôle, un super gentil monsieur, fin, humble, généreux. Il ne se prend tellement pas pour un autre. C’était une belle rencontre, déjà la première fois.

Martin Levac - Phil Collins sera à Montréal le 16 octobre! Avez-vous hâte? Grâce à sa musique j'ai la chance de me trouver sur une scène depuis plus de 25 ans! Merci

FR : Dans le cadre de la tournée The Lamb en 2005, tu rencontres encore une fois Phil à Genève et cette fois-ci, il prend ta place à la batterie pour le rappel avec la chanson The Musical Box.

ML : En fait moi, je n’étais pas d’accord à lui imposer cette pièce, mais j’avais pas mon mot à dire, Tu sais, j’étais un pigiste. En fait, j’étais engagé, je ne faisais pas partie de la direction du band, si on veut. Puis quand ils ont dit à Phil Collins quoi jouer, je n’étais pas d’accord. Je me disais, bien voyons! Phil Collins il vient, il peut jouer ce qu’il veut. Mais non, parce que Genesis n’avait jamais joué I Know What I Like dans ce show-là, fallait qu’il fasse Musical Box.

Il était un peu perdu, je te dirais. Puis même pendant la répétition, il jouait sur mon drum. Dans l’après-midi, il m’a appelé une couple de fois pour que j’aille le dépanner. Je lui donné des trucs pour qu’il puisse faire la chanson. Je me pinçais vraiment, là je me disais, ça n’a pas de sens. J’étais en train de dire à Phil Collins, comment jouer sa propre chanson, tu sais, c’est fou, puis encore là, généreux patient, il a pratiqué comme un fou, il avait de la broue dans le toupet. Toute la journée il a pratiqué, il a demandé à Bruce notre soundman d’enregistrer le soundcheck pour qu’il puisse réécouter. On avait des discman dans le temps, on lui a brûlé un CD, je lui ai passé le mien pour qu’il réécoute ça.

Mais tu sais, il était One of the boys! Il est resté avec nous autres dans les loges pour le souper, on a pris une bière, on a mangé de la pizza, puis on a jasé. C’était super cool, puis il nous contait toutes sortes d’affaires, les histoires d’enregistrement, de Selling puis des trips en studio. C’était vraiment une belle journée. C’était vraiment cool.

Album en anglais Influences en 2006

FR : Pendant que tu fais la tournée The Lamb avec Musical Box, tu décides de te lancer dans la composition en anglais et tu sors Influences en 2006. Pourquoi en anglais ?

ML : En fait, pendant la tournée, des fois c’est long, t’as pas grand-chose à faire, je me suis acheté un laptop, un petit clavier, un contrôleur et je me suis fait installer un logiciel pour du sampling. Je m’amusais avec ça, c’était parfait. Je m’enregistrais partout, dans les chambres d’hôtel, dans les loges, des fois, il y avait des vieux pianos. Comme à Liverpool, il y avait un vieux piano Steinway dans la salle du Concert Hall. J’étais inspiré, je composais des chansons comme ça, dans chaque ville que je visitais, puis j’enregistrais au fur et à mesure. Cet album-là était pas supposé en être un.

Moi j’enregistrais ça pour le fun, pour me faire des démos, puis c’est ma femme qui a dit à un moment donné, pourquoi tu ne fais pas un album avec tous ces démos-là ? Chaque pièce avait un nom de ville associé. L’album s’appelle Influences. Il y avait des chansons instrumentales et chantées. C’est sans prétention, mais il y a beaucoup d’influences de toutes sortes d’affaires là-dedans. Justement, moi j’écoutais beaucoup de Joe Jackson, à part le rock progressif. Tu sais, j’écoute beaucoup de compositeurs de cette époque-là qui qui me font triper, fait qu’on entend les influences de ces compositeurs-là dans ce temps.

 

Départ de The Musical Box en 2007

FR : Après 5 ans à personnaliser Phil Collins dans le cadre des 3 principales tournées de Genesis avec Peter Gabriel dans les années 70, tu quittes Musical Box. Avais-tu fait le tour du jardin ?

ML : Je suis parti pour faire autre choses, parce que j’étais tanné, on faisait toujours les mêmes salles, toujours les mêmes, toujours la même roue, toujours le même truc. Puis ce n’était pas évolutif. Dans le fond, c’est qu’il n’y avait rien d’autre qui pouvait arriver que la période Gabriel.

Plus tard, ils m’ont rappelé pour faire le 1er show de Phil aux voix, Trick Of The Tail mais il était trop tard, j’étais passé à autre chose. De mon côté, on faisait le show de Genesis Three Sides Live. J’ai eu beaucoup de fun à faire ça puis on essayait de reproduire le light show mais ça coûtait genre 5000$ par jour, ça avait pas de bon sens. En tout cas, ce n’était pas rentable du tout, fait que finalement c’est à partir de ce show là qu’on a viré ça en Dance into the light. Puis on s’est dit, on va se faire un hommage à Phil Collins, puis ça va peut-être être plus rentables.

Partage de la scène avec deux guitaristes liés à Phil Collins en 2008

FR : Peu de temps après avoir quitté Musical Box, tu rencontres un bon ami de Phil, Ronnie Caryl qui était guitariste dans le groupe pré-Genesis, The Flaming Youth et tu partageras la scène avec lui à quelques reprises (ndlr : Ronnie Caryl est décédé le 18 décembre 2023, après la parution originale de cet article).

ML : Ronnie, en fait, on a un ami commun qui habite à New York, qui s’appelle François David. Il est venu me voir  jouer à New York avec le show Turn It On Again, on jouait le lendemain à Philadelphie, puis il est revenu nous voir le lendemain.

Il a trippé, puis à ce moment-là, on s’est lié d’amitiés. En 2009, on le fait venir pour faire la première partie de notre show,  Dance into The Light.  Puis, quand on est parti en Europe en 2010, Ronnie a suivi toute la tournée à faire la première partie. Puis il revenait sur scène faire Another Day In Paradise avec nous autres, à la guitare acoustique et aux voix. C’était beau, c’était super.

FR : Et puis ensuite, tu fais la rencontre de celui qui a accompagné Phil et Genesis en tournée depuis 1978, Daryl Stuermer qui t’invite à chanter dans son groupe hommage, le projet Genesis Rewired.

ML : Il jouait au Théâtre Outremont, à Montréal et nous le show de 82 de Genesis. Puis la veille, Daryl était en tournée au Québec pour faire des cliniques pour les guitares Godin, parce qu’il est commandité par cette compagnie de guitares québécoises. Il était à Varennes dans une école de musique. Je suis allé le voir, puis on s’est rencontré là pour la première fois. Il savait qui j’étais et le lendemain, il est venu voir notre show à l’Outremont.

Il avait déjà vu le show de Musical Box à Milwaukee et il m’a avoué ce soir-là que son moment préféré dans le show, ça avait été More Fool Me. Par la suite, on a eu un projet qui s’appelait Genesis Rewired, et on a fait une dizaine de shows ensemble.

Dance Into The Light – spectacle hommage à Phil Collins – 2009

FR : Cette activité musicale avec les amis de Phil ne t’empêchera pas de monter et débuter un projet qui deviendra iconique pour toi, le spectacle Dance Into the Light avec 7 musiciens sur scène. Est-ce que tu as contacté la gérance de Phil pour obtenir l’autorisation de lancer un spectacle hommage à quelqu’un qui était à l’époque encore assez actif ?

ML : J’ai pas eu de difficulté à obtenir la permission. En fait, on a contacté la compagnie de Tony Smith, le gérant de Phil Collins et de Genesis qui nous a envoyé une belle lettre que j’ai gardée, nous autorisant d’utiliser tout le matériel promotionnel, on avait tout reproduit les faces des albums de Phil Collins, fait que moi j’avais ma face à la place de la sienne, mais c’était le même concept, les mêmes pochettes.

Il n’y avait pas de problème parce qu’on s’installait aussi pour une résidence au Capitole à Québec, puis on faisait une grosse campagne de promotion à la télé, puis sur les panneaux publicitaires en arrière des autobus Orléans, puis sur les autobus à Québec, puis partout. On avait tous les droits d’utiliser l’image de Phil Collins.

FR : Le succès de ce spectacle auquel j’ai assisté à Gatineau fut assez immédiat.

ML : Ah oui, ça a marché là. Terriblement bien. 10 ans de temps, puis on a eu 300,000 spectateurs, c’est vraiment cool. Ouais.

Rencontre de deux batteurs iconiques en 2010

FR : En juin 2010, tu assistes au spectacle de Phil au Roseland Ballroom et tu le rencontres dans les coulisses cette fois-ci en compagnie de Chester Thompson. Comment étais l’ambiance en sachant que Phil n’était plus capable de jouer de la batterie?

ML : En 2010, il était déjà très fatigué, très malade. Je ne sais pas exactement ce qu’il avait, mais il était vraiment affaibli parce que tu vois le Phil Collins, mettons de 2007 qui était en tournée avec Genesis, qui était relativement très en forme. Il faisait la danse de la tambourine encore en 2007.

Mais il s’est passé des affaires dans sa vie, là, en 2007 puis 2010. C’était pas le fun. Puis sa santé en a pris un coup déjà là, puis il marchait avec une canne, ça allait déjà moins bien pour lui. Pendant la période de l’album Going Back, on se souvient que Phil Collins se tapait des baguettes après les mains pour être capable de jouer des drums en studio.

On m’a conté que Phil voulait que les passes de drums en spectacle soient exactement comme sur l’album. Il n’aimait pas que Chester le joue plus en jazz et il s’est choqué après lui. Moi,  personnellement, j’ai regardé Chester toute la soirée, puis j’ai tripé au bout. C’est triste que ça a été la fin de leur collaboration, mais j’ai eu la chance de rencontrer Chester ce soir-là.

Tout le monde en parle – 2010

FR : Tu as rencontré Phil Collins une dernière fois lors de l’enregistrement de l’émission Tout le monde en parle en 2010.  Comment ça s’est passé ?

ML : Je lui ai parlé après le show, oui. Puis juste avant qu’ils repartent en fait. Il avait juste hâte de s’en retourner chez eux. Ils était vraiment très fatigué. C’est la dernière fois que je lui ai parlé, tu vois, puis moi je me disais, Oh mon Dieu, il ne repartira pas en tournée. Après ça, il est finalement repartit pareil.

24 juin 2010 à Roseland Ballroom, New York. Rencontre avec Phil Collins

Albums de Genesis Jazz

FR : En 2011, tu lances un projet ambitieux de reprendre des pièces de Genesis en mode jazz et entreprend une tournée parallèle avec une formation réduite. Quel beau flash.

ML : On ne faisait que la carrière solo de Phil Collins à cette époque là, je ne faisais plus aucune chanson de Genesis. J’ai fait les pièces de Genesis, toujours pareil comme l’album , mais ça serait cool de faire de quoi de différent et là j’ai entendu Thérèse Montcalm en spectacle reprendre une toune de Eurythmics. C’était Sweet Dreams que Marilyn Manson avait repris en gros rock métal, et elle l’a fait en swing. Je me suis dit, si elle est capable de faire ça, de ramener ça au jazz. Des chansons qui étaient full synthétiseur, puis full drum machine des années 80, je devrais être capable de faire pareil avec Genesis. La première, je pense, c’est Land Of Confusion qu’on a converti en swing.

Album 1985 (anglais)

FR : Pendant que tes deux spectacles de personnalisation de Phil Collins et de reprises jazz de Genesis roulent fort, tu décides de revenir aux chansons originales, d’abord avec l’album anglophone 1985, où tu recrées l’ambiance musicale de cette époque, en hommage entre autres à Phil.

ML : C’est une autre affaire. Un peu comme l’album Influences que j’ai sorti en 2006, j’ai toujours continué à composer des chansons. Tu sais, j’écris des chansons régulièrement d’ailleurs, j’ai une plateforme Patreon sur lequel les gens me donnent de l’argent, puis j’écris une toune par mois. J’avais accumulé plusieurs chansons dont je ne savais pas trop quoi faire avec, puis un moment donné, je me suis dit, il y aura peut-être un potentiel de faire comme si Phil Collins avait oublié de sortir un album des années 80. Puis finalement, chacune de mes chansons qui fittent avec le concept de chansons qui auraient pu être de Phil Collins, je les ai mis sur l’album intitulé 1985.

Il y a même une reprise de Madonna là, sur cet album-là, la pièce True Blue avec un petit twist Motown et j’ai reproduit les arrangements, les sons, de cette période. Je suis un fan de Phil Collins dans tout ce qu’il a fait et aussi dans les contributions qu’il a faites dans les chansons des autres, entre autres, Woman in Chains de Tears for Fears. Moi, j’adore cette chanson. Et, c’est Phil Collins qui joue le drum sur cette toune là.

Fin de Dance Into The Light

FR : Et puis, après deux autres albums du projet A visible Jazz Touch of Genesis, tu prends une grande décision, mettre fin après 10 ans au spectacle Dance Into The Light. Plus de 350,000 personnes y ont assisté au Québec et ailleurs, quel bilan en fais-tu et pourquoi avoir arrêté ?

ML : Ouais, en fait, j’étais tanné de jouer le personnage parce que dans Dance into the light, entre les chansons j’étais Phil Collins, ça fait que c’est un rôle de comédien que j’avais dans ce show, autant que de batteur et chanteur. J’avais peur en fait que ça vieillisse mal ce rôle de comédien. Surtout que la santé du chanteur original déclinait. Puis je ne voulais pas continuer à reproduire ça. Je me voyais mal à continuer à le personnaliser au fil des années. C’est assez limité aussi au niveau du concept, puis du répertoire. Je m’ennuyais du répertoire de Genesis, puis le trio de Jazz. Je voulais virer ça à autre chose. Cela faisait plusieurs années que je planchais sur un show à 8 musiciens mais avec les 2 répertoires, celui de Phil Collins et celui de Genesis.

Spectacle Genesis et Phil Collins

FR : Pendant la pandémie, tu as peaufiné un nouveau spectacle assez percutant qui combine la musique de Genesis et Phil Collins. Pour avoir entendu une partie de celui-ci à Ottawa l’été dernier, j’ai été impressionné par le mix de pièces anciennes et plus récentes des deux composantes, appuyé par un groupe choc de 7 musiciens sur scène. Comment le concept t’est venu?

ML : Écoute, correction. C’est, avant la pandémie. On a fait une préproduction, une générale devant public à Trois-Rivières. Ça, c’était le 20 février 2020 puis on partait en tournée, on avait plein de dates. Et là, le 15 mars, bang là c’est arrivé fait que ça a tout tassé de 2 ans. Mais ce show-là est était prêt à prendre la route en février 2020.

FR : Dans ce cas-ci, est-ce qu’on peut qualifier le nouveau spectacle de personnalisation ou est-ce Martin qui s’adresse au public plutôt que Phil?

ML : Ça faisait des années que je voulais dans le même spectacle les 2 répertoires, puis j’essayais toujours de trouver un angle pour pas que ça jure.  Je voulais que les cuivres soient inclus dans le répertoire de Genesis, pas juste dans No Reply At All. Il y a beaucoup d’arrangements de Tony Banks le claviériste qui utilisait des synthétiseurs pour imiter les cuivres.  L’intro de Duke, c’était pour des cuivres dans sa tête. Mais moi j’aurai les vrais cuivres sur scène.  Et ça change tout.

On a couvert la période de 71 à 91, les années de Phil dans Genesis. Ça me prenait au moins un extrait par album.

On a tricoté les vieux medley, il fallait que j’aille au drum, souvent dans le show pour justement faire le vieux Genesis. Ou a fait souvent aussi des mashups de 2 chansons, genre on en coupe une en 2, la moitié d’une toune, la moitié d’une autre toune. Puis, mais ça va avoir pris 10 ans avant de l’avoir clairement dans la tête.

En tout cas, j’ai un fun fou à le faire, puis c’est sans effort pour moi, dans le sens que c’est du répertoire que je connais tellement, puis là, c’est Martin Levac qui s’adresse au public et non Phil Collins.

Syndrome de Minor

FR : Les 5 dernières années, tu as souffert d’un problème de santé important.

ML : Ouais, ça faisait 5 ans. Entre autres le symptôme qui me dérangeait le plus, c’est l’orthophonie ça veut dire que c’est comme si tu avais un micro dans la tête qui amplifie ta propre voix et qui te la renvoie dans l’oreille fois 100. Je te dirais que chaque fréquence qui sort de ton corps, que ce soit les vibrations d’un pas ou le battement du cœur qui bouge, tout ça, ça résonne à l’intérieur parce que l’oreille interne a percé une paroi osseuse dans le cerveau.

D’autres symptômes, les mouvements incontrôlés des yeux, des étourdissements. Je me tenais après le pied de micro, souvent pendant le show parce que ça partait là, puis ça fait des migraines. Une hypersensibilité à la lumière en tout cas, j’étais en train de m’éteindre complètement. Je pouvais plus parler, c’était rendu terrible mon affaire.

C’est une malformation de naissance, le Syndrome de Minor. Les petits os, qu’on a tous à l’intérieur de la boîte crânienne, ils doivent être d’une certaine épaisseur pour être assez résistants. Les miens sont plus minces que la moyenne. En fait, c’est comme une feuille de papier fait que pour ça, quand j’ai chanté une note forte à un moment donné en studio, j’avais beaucoup de pression et la pression à fait craquer mon os. La pression de l’oreille interne, ça aurait pu m’arriver en prenant l’avion, en faisant de la plongée sous-marine ou en me faisant plaquer dans la bande au hockey. Tu comprends, il y a des athlètes qui en font. Heureusement, c’est opérable. J’ai été opéré le 30 novembre et j’ai remonté sur scène le 27 janvier.

Projets d’avenir

FR : Avec la retraite officielle de Genesis et le déclin rapide de la santé de Phil Collins, les fans continuent à aimer entendre leur musique en spectacle. Est-ce que tu as l’intention de continuer à faire vivre cette musique pour les nombreux fans qui le désirent?

ML : C’est sûr que je ne passerai pas à d’autres choses. Moi, ma vie est parfaite. Je peux accompagner d’autres artistes, puis j’ai un show qui roule. J’ai la chance d’avoir un public qui suit, puis qui est encore là au rendez-vous et écoute moi, tant que la santé est bonne puisque le public est au rendez-vous, je vais le faire encore pendant plusieurs années, avec grande joie, grand plaisir.

 

À venir : Analyse du spectacle Phil Collins & Genesis de Martin Levac du 7 avril 2023 à Gatineau.

 

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