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Genesis Foxtrot 1972

Genesis  Foxtrot   
L’album de la démesure pour la bande du chanteur Peter Gabriel.
Publié le 15 octobre 2022

Par Jean-Jacques Perez 

Angleterre 1972, label Charisma

Avec l’arrivée du guitariste Steve Hackett et du batteur Phil Collins sur le LP Nursery Cryme, Genesis trouve la stabilité. Si la réussite artistique du 3ème album, publié en 1971 ne rencontre pas un énorme succès (au mieux un succès d’estime), il a le mérite d’apporter une certaine reconnaissance dans la sphère du rock progressif.

Mais surtout la tournée qui suit va être décisive sur l’avenir du groupe qui tente de talonner l’indétrônable King Crimson. Un soir de concert en pleine interprétation de The Return of the Giant Hogweed, ça lui prend comme ça, Peter Gabriel sans prévenir les autres, il part vers les loges et revient flanqué d’un longue robe rouge empruntée à sa compagne et d’un masque de renard (plus tard viendront d’autres masques et déguisements).

C’est cette séquence théâtrale qui va inspirer l’illustration réalisée par Paul Whitehead (pour qui cela sera la 3ème et dernière collaboration avec le groupe), de Foxtrot, 4ème opus mais surtout le 3ème sur le label Charisma.

On y observe la femme renard et sa longue robe rouge sur un ilot perdu dans l’océan, échappant à une chasse à courre. Au loin on y voit quelques images issues de Nursery Cryme, Car Foxtrot se veut la continuité de ce qui a été élaboré depuis Trespass et de son univers fascinant.

Le quintette a depuis gagné en confiance et en maturité. Dans une imagination débordante et sans limite, il est temps de transformer l’essai et pondre l’album qui va marquer le prog à tout jamais. Car nous sommes en 1972, grand cru pour le rock progressif. Yes vient de proposer le monolithique Close To The Edge, Emerson Lake and Palmer débarque avec le mythique Trilogy, Jethro Tull prend à revers le public avec Thick As A Brick. Pink Floyd achève l’intemporel Dark Side Of The Moon imprimé l’année suivante.

Genesis va être de la fête avec le pompeux et majestueux Foxtrot, imprimé le 6 octobre 1972.

Le 33-tours s’ouvre par un mellotron écrasant, dramatique, cosmique, limite suffoquant manié par Tony Banks, qu’il marie à un orgue quasi religieux. Puis Genesis, dans une cadence militaire reprend les propos métalliques laissés dans Nursery Cryme, tout en retenue, faut-il le préciser. En effet, Steve Hackett se montre moins sauvage avec sa six cordes électrique que dans le 33-tours précédent.

Mais chacune de ses interventions fait mouche. Dépassant les 7 minutes, ce titre appelé Watcher of the Skies aborde le thème, hélas toujours d’actualité, de la rupture entre l’homme et la nature. Sur des textes de Tony Banks et Mike Rutherford, Peter Gabriel chante la venue d’un extraterrestre visitant le Terre devenue désertique. Les paroles sont influencées du roman de science-fiction d’Arthur C. Clarke, Childhood’s End écrit en 1953.

De la face A, on retrouve la SF dans la seconde pièce maitresse, Get ‘Em Out By Friday, proche des 9 mn où le chanteur narre les problèmes de logement réglés par des promoteurs immobiliers véreux en abusant de la manipulation génétique. Il prête sa voix à plusieurs protagonistes pour un mini opéra prog à l’histoire sombre mais à la conclusion musicale lumineuse.

Sur ce morceaux, Genesis tente une timide incursion dans un jazz lyrique et vaporeux mené par la basse intrigante de Mike Rutherford, par les effets subtils à la batterie de Phil Collins mais surtout par la flûte symphonique et envoutante de Peter Gabriel.

Pour l’anecdote, ce titre fut mis en BD par Gotlib et publié sur Fluide Glacial en 1978.

Voilà deux titres faits pour la scène, mais qui ont tendance à éclipser les deux autres chansons de cette première face pourtant magnifiques. À commencer par le folk Time Table, riche en mélodie et mené par un beau piano. Pour finir cette face sublime, il y a Can-Utility And The Coastliners qui montre un Genesis aventureux avec son superbe pont atmosphérique où fusionnent accords de guitares cristallins et mellotron captivant.

La face B débute avec l’irréel Horizons, où Steve Hackett livré à lui-même montre qu’il est autant à l’aise avec la guitare électrique qu’avec l’acoustique. Joué en harmoniques, ce bref instrumental, inspiré du Prélude BWV 1007 de Jean-Sébastien Bach, va servir d’introduction au plat de résistance qui arrive.

1973

Servi comme une soupe de prog bien chaude, il s’agit du bien nommé Supper’s Ready long de 22 minutes et 53 secondes ! Sur les traces de A Plague Of Lighthouse Keepers de Van Der Graaf Generator, cette longue pièce faite en sept temps raconte le voyage magique d’un couple d’amants dans un monde où s’affrontent des religions fantoches, où des objets se transforment quand retentit un sifflet, où des renards assistent à l’apocalypse. Bref, une histoire folle et fantaisiste où Genesis va condenser sur ce titre élastique tout ce qu’il a acquis depuis Trespass.

Jouant sur les émotions et l’esthétique, on y trouve pêle-mêle des ambiances désenchantées, burlesques, terrifiantes, des douceurs trompeuses, de plans mystérieux, des passages planants, vaguement inquiétants, brumeux, heavy pour un final céleste. Ça semble partir dans tous les sens, mais la construction est parfaite.

Genesis 1972

Toutefois, et je vais sûrement en irriter plus d’un, on a beau être fan, on n’a beau se voiler la face, on ne peut nier le fait que certains passages ont mal vieilli. Je sais, c’est dur à admettre. Paradoxalement, Genesis signe probablement la quintessence du rock progressif devenant un incontournable du genre. C’est ce paradoxe qui rend ce disque attachant, encore de nos jours. Et le sera probablement dans les décennies qui suivront.

Foxtrot clôt de manière flamboyante la trilogie débutée en 1970 par Trespass. Il est le premier grand succès du groupe. Au Royaume-Uni, il se classe à la 12e place des charts. En France, l’album est disque d’or (100 000 exemplaires vendus) et contribue à imposer Genesis en Europe.
L’essence même de Genesis est là, dans celui de Peter Gabriel.

 

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