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Harmonium entrevue Fiori et Valois

Mon pays, est-ce l’Heptade ? no 5
Article paru le 9 janvier 2017, Pop Rock 2.0
Republié le 7 décembre 2020

Par Jacques Landry, journaliste à Pop-Rock de 1974 à 1984

 

Pour une blanche cérémonie

Pour l’occasion, la salle du Métropolis avait pris l’allure d’un immense cabaret aménagé de multiples tables pour quatre personnes. À 17h 47, toutes les tables étaient déjà occupées. Et encore bien du monde debout.

Animée par Serge Grimaux, gérant d’Harmonium, la cérémonie de lancement de l’Heptade XL consistait essentiellement en une entrevue de Paul Arcand avec Serge Fiori et Louis Valois, chacun assis dans sur un petit fauteuil sur la scène, comme si le morning man du 98,5 FM les recevait dans son salon. Arcand n’a pas dû se faire prier pour ce job; on le devinait, de toute évidence, fan de la première heure. L’entrevue était retransmise sur le site Facebook d’Harmonium. De chaque côté de la scène, sur deux écrans géants, un diaporama nous offrait les photos du livret de 40 pages fournie avec la version de luxe de l’Heptade XL. Après l’entrevue de Paul Arcand, un extrait du DVD Viens voir le paysage est projeté sur ces mêmes écrans. Puis, Grimaux a suggéré une minute de silence en mémoire de Leonard Cohen. Coïncidence significative : le soir même, on apprenait le décès de Bob Walsh !

À la sortie de la salle, dans le lobby, un CD de la chanson Dans le noir était offert à tous les invités. Cette chanson absente de l’album original de l’Heptade était celle que Serge Fiori et Monique Fauteux chantaient en début de spectacle pour calmer l’assistance. Une version authentique, datant de 1977, enregistrée au Centre national des Arts d’Ottawa, revisitée et mastérisée.

Revenons sur cette entrevue avec Paul Arcand. Pendant une heure environ, ce dernier a permis à Serge Fiori et Louis Valois, sur un ton intimiste, chaleureux et décontracté, d’expliquer le cheminement qui les a amené à concevoir et concrétiser l’Heptade, il y a quarante ans. Des questions en provenance de la salle et du site Facebook alimentaient l’entretien. Fiori fait à nouveau comprendre, comme à maintes reprises dans le passé, que le concept de l’Heptade s’articule autour du principe des sept niveaux de conscience. Il développe: « C’est autour de cette colonne vertébrale-là. Sept petits mondes. Qui fait que nos comportements sont générés par ça. J’avais lu l’Iliade d’Homère. L’hept, le chiffre, 7; et ade de l’Iliade. Qui est devenu l’Heptade. Un voyage initiatique pour unir toutes les facettes de nos personnalités ». À la fin de sa phrase, soudain, Fiori se lève et s’incline devant la foule. Cette révérence imprévue accueille le fou rire du public et une ovation spontanée.

Arcand se tourne alors vers Louis Valois sur un ton un peu moqueur : « Et toi, Louis, tu as vécu ça comment cette démarche-là ? ». Nouveaux fous rires dans la salle.

Valois se mouille : « …Je lui ai ris dans la face. Ah non non non ! Regarde ! Quand il m’est arrivé avec ça la première fois… Bon, on avait fait (le concept) les 5 Saisons. Pis, j’ai toujours pensé que La Cinquième Saison, Histoires Sans Paroles, c’est un peu la prémisse d’une espèce de quelque chose qui s’en venait : la grande chanson, la grande toune. Quand on s’est mis à regarder ça, moi, je l’ai vu apparaître. Pis j’ai été pris par ça. Moi j’ai vécu tous ces niveaux-là à travers l’Heptade, l’enregistrement, tout ça. Au point que ça été comme un phare toute ma vie. Cette espèce d’impression qu’on est fait de dichotomies. On est tous là-dedans. Je l’ai vu apparaître comme ça. J’ai été un auditeur de ce que Serge avait fait. Pis comme musicien tu te laisses aussi inspirer par ça. L’Heptade a été enregistré dans l’ordre. Comme musicien, tu te dois de respecter ce qui est dit, ce qui est là. Mais ce n’était pas compliqué. C’était tellement intense. Je viens de passer un bel été. Mais celui-là, ça été un des plus beaux étés de ma vie .»

À la fin de sa phrase, soudain, Valois se lève et s’incline devant la foule. Cette révérence imprévue accueille le fou rire du public et une ovation spontanée.

Fiori et Valois ont le sens de l’autodérision. C’est, entre autres, ce qui les rend si attachants. Ils prennent leur musique au sérieux, mais, eux, ne se prennent pas au sérieux.

Questionné par Arcand à propos des moyens assez spectaculaires, en termes de musiciens et de studio d’enregistrement, que l’Heptade a exigé, Fiori enchaîne : « C’était de l’audace totale. On était une ostie de gang de fous. Tu ne les a pas, les moyens. On n’avait pas de budget. On n’avait rien. Et on ne voulait pas enregistrer en ville dans un studio de 9 à 5 pis après, on s’en va chez nous. On a vécu tous ensemble dans ma résidence tout l’été dans le rang St-Ours à St-Césaire » (1)

« Un soir qu’on écoutait Saturday Night Live, à la fin du générique, on voit : FEDCO (2), studio mobile d’enregistrement (au Rhode-Island.) Ok ! On va les appeler. Si c’est niaiseux ! (fous rires dans la salle), on les appelle. Pis y disent : OUI ! Pis y viennent. Mais là, quand ils sont arrivés, ah ! ben là, ils ont pogné un down. Ils arrivent devant une maison en pleine campagne, des vaches, des cabanes. Ils disent, bien sérieux : « Were coming from New-York !?! »

« Là ils me voient en salopette, le haut pas attaché. Une belle image ! C’est juste quand ils ont vu Michel Lachance, l’ingénieur, arriver, sérieux, qu’ils ont dit : You’re the man ! Mais quand on a commencé à enregistrer, à faire des pistes, ils ont vu qu’on n’était pas des taouins ». Louis Valois relève cette dernière expression en regardant Fiori d’un œil inquisiteur : « Des taouins !?!? »

(1) Dans sa récente autobiographie, Phil Collins raconte une situation similaire à propos de l’enregistrement de l’album-concept The Lamb lies down on Broadway. Ne voulant pas travailler dans un studio classique étouffant, Genesis a opté pour le studio mobile Island, installé dans une ferme du pays de Galles.

(2) Outre l’émission télévisée Saturday Night Live, FEDCO était reconnu pour l’enregistrement des spectacles live de groupes tels The Doors, Frank Zappa, Jethro Tull et Humble Pie.

 La suite : Le Premier Ciel

Transfert # 56
BANNIÈRE : JACQUES LANDRY
ÉDITEUR : GÉO GIGUÈRE
RÉVISEUR : MURIEL MASSÉ
SECRÉTAIRE À LA RÉDACTION : RENÉ MARANDA

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