Chroniques

Carlos Santana – Charley Patton

Guitaristes émérites # 13 publié 18 avril 2020 

 

Par Normand Murray

 

Carlos Santana

Le grand multi-disciplinaire de la Guitare.

Né en 1947, fils de joueur de mariachi au Mexique. À 9 ans, sa famille déménage dans le grande ville de Tijuana et il  passe du violon à la guitare et s’intéresse plus sérieusement au Rock et au Blues. À 13 ans, il commence a jouer dans des cantines et dans des clubs de danseuses. Autre déménagement de la famille à San Francico, mecque américaine de l’underground aux États-Unis. Les occasions de se produire ne manquent pas et il fait désormais partie de la colonie du renouveau musical de la ville.

1966 – formation du groupe The Santana Blues Band, qui malgré le nom, Carlos n’est pas le centre d’attraction du groupe étant fait en collectif. Cette situation persistera encore pour une couple d’années, même après avoir écourté le nom à simplement Santana. Ils entreprirent de faire une tournée de deux mois dans les collèges et les universités californiennes afin de démontrer leur style et de leur son distinct en incorporant des rythmes afro Cubain de l’Amérique latine ce qui complétait à merveille le style lyrique de son jeu de guitare.

Carlos devint assez vite une attraction par lui-même avec une une première prestation solo sur le célèbre album The Live Adventures of Mike Bloomfieald and Al Kooper, un happening musical qui était la résultante du célèbre promoteur Bill Graham qui le prit sous son aile et lui donna la coup de pouce nécessaire à être vu de bien du monde avec une prestation au légendaire concert de Woodstock, en 1969 bien sûr, en le filmant dans sa prestation instrumentale de 11 minutes de sa pièce Soul Sacrifice. Dès lors, signature avec CBS pour l’albun Santana (1969), le fameux album avec la tête de lion avec les multiples faces cachées dans le dessin, ce jeu de trouver les faces étant un autre facette, de dire même, une image peut être attrayante, étant donné qu’à l’époque les pochettes prenaient vraiment de l’importance dans leur originalité de les présenter.

Ombrage de sa célébrité sans en être la cause ; avoir été invité au triste concert gratuit d’Altamont des Rolling Stones, là où bien des gens ont dit que c’est là que le monde du Peace and Love a pris fin et on sait le pourquoi : un meurtre ayant été commis à ce spectacle juste en avant de cette scène lors de la prestation des Stones.

Deuxième album, Abraxas (1970), celui qui propulsa Santana comme numéro un avec un mix de salsa et de rock and roll, latino et même jazzy dans les structures musicales se mélangeant à merveille pour en faire un numéro un. Cet album avait deux succès distincts avec les pièces comme Samba Pa Ti et Black Magic Woman et oui, composition de Peter Green, guitariste, compositeur et co-fondateur de Fleetwood Mac.

Recrutement de l’adolescent Neal Schon, également connu comme étant celui qui a créé le groupe Journey, Neal Schon donna un côté plus hard à la musique de Santana avec la dualité des deux guitares sur l’album Santana (celui de 1971 aussi connu sous le titre de Santana III) qui permettait de ne pas avoir la confusion du premier album dans les genres. Ce qui provoqua un léger déclin dans les ventes et la célébrité qu’avait été l’album Caravanserai (1972). L’album suivant, Santana retrouve plus son jeu du Feeling Latin avec Amigos (1976), ce qui avait été sa marque de commerce et qui l’avait servi à merveille, un retour aux sources, dirons-nous.

Les années 80 furent une décénnie chargée de collaborations et autre projets adjacents à sa carrière avec une apparition au concert Live Aid en 1985. Et s’adjoindre les services de Steve Tyler d’Aérosmith ainsi que des collaborations avec Joe Cocker, Tina Turner, Seal et Dido. 1988, reformation avec d’anciens membres de Santana pour une tournée mondiale. Les années 90 furent des années sèches, dirons-nous, les contrats ne venaient pas, sa carrière personnelle était vraiment au plus bas. Fin des années 90, en 1999 – rebondissement éclatant dans sa renommée, il enregistre Supernatural qui lui permettra de rafler neuf Grammys Awards. Suivit deux albums faits presque dans le même moule mélangeant hip hop et pop avec les arrangements lyriques de sa guitare, Shaman (2003) et All That I Am (2005). Fait de grande connaissance du Jazz, il enregistre un album The Swing of Delight avec deux sommités dans le genre, Herbie Handcock et Wayne Shorter. Et tournée par la suite avec Éric Clapton, Stanley Clarke et John McClauughlin.

2008 – début des prestations diverses avec Marcelo Vieira avec des pièces acoustiques avec l’album Marcelo Vieira’s Accoustic Sounds. Autre contrat éminent de faire le Américan Idol- Final Show de 2009. Présentation au Stade Olympique d’Athènes pour y refaire son Supernatural avec une dizaine de « All Stars » qui avait été des collaborateurs de cet album tant acclamé. Coté jeu électronique le Guitar Hero 5 renfermait des succès de Santana. Pardonnez-moi, ce que je considère comme étant une pâle façon de jouer de la guitare, une vraie étant la chose à jouer.

2010 – il se permet un bijou avec Guitar Heaven The Greatest Classics of all Time avec des reprises des Rolling Stones avec Can’T Hear You Knocking, le Led Zeppelin Hole lotta Love, Rider on the Storm des Doors avec la participation du claviériste Ray Manzarek et Smoke on The Water de Deep Purple entre autres. Petit détail, la version de luxe comprenait une reprise du succès de Red Hot Chili Pepper, Under The Bridge, le chanteur original n’étant pas disponible bien nul autre que oui, Roch Voisine avait été mandaté à le remplacer. 2017  – Power of Peace, un rêve de sa jeunesse de jouer avec les Isley Bothers avec une diversité de style à la jazz, blues, funk et rock pop.

2019  – le 25ème album de Santana avec Africa Speak’s de la World Music sous une prestance genre fusion rock, latina et jazz. Fait assez particulier de cet album la grande majorité des prises de son de sa guitare ont été fait en une seule et unique prise. Connaissance indéniable de l’art de la guitare, ne faire qu’un avec son instrument.
Classé 15ème meilleur guitariste de tous les temps par la revue Rolling Stone entre autres. Plusieurs récompenses et titres honorifiques lui ayant été attribués au fil de sa prospère et longue carrière. Son expression faciale à Woodstock ne laissant aucun doute sur la suite de sa carrière soit intensément expressive. Il a tendance à ne pas user des multi effets se contentant du wha wha et du delay, sa dextérité étant son atout premier. Qualité de bien des grandes légendes de la guitare.

Maintenant passons au stade de sa collection de ses amours à cordes. À Woodstock, une SG rouge de Gibson, son association avec Gibson ayant été les années 70. Par contre, sur Supernatural, il opte pour la Lespaul de Gibson plus versatile dirons-nous. Il est le représentant officiel des Paul Reed Smith avec une collection impressionnante de celles-ci comme les « Signature models », la Santana SE, la Santana II, celle qu’il a le plus utilisé au cours de sa longue carrière et la Santana III, la Santana MD et également la Yamaha SG 2000. Coté acoustique classique, la Alvarez Yairi étant sa favorite. Ses manches étant fait uniquement de bois de rose brésilien lui donnant des douces tonalités.

Sa polyvalence étant aussi grande que son talent, bref, illimitée dans tous les styles disponibles dans le monde de la musique dans ce royaume de la guitare. Grandiose et prodigieux guitariste.

 

Charley Patton

Le début de l’histoire du Blues.

Le premier grandiose chanteur du delta blues né en 1887 ? La preuve formelle ne pouvant être vraiment établie. Son style brut et percutant a été une influence pour les grandes légendes du Blues et du Mississippi Blues telles Muddy Waters, Howling Wolf, Big Joe Williams et nul autre que Robert Johnson et une pléiade d’autres légendes du Blues. Son accomplissement au Delta blues réside dans la façon de s’accorder pas seulement qu’internationalement mais aussi sur des tones pas familiers à l’époque avec aussi son compagnon fidèle, le Bottleneck qui lui permettait des prouesses de slide jamais entendues auparavant. Et une voix rauque à souhait caractérisant les grands Bluesmen comme Muddy Waters et John Lee Hooker qui sont ceux qui s’en approchaient le plus, des voix jumelles somme toute.

Né au Mississippi, Patton déménage plus au nord avec sa famille dans une plantation Dockerey Farms écoutant les chants de Gospel, Ragtime, Country Folk et les chansons nouvelles du temps dans les champs et autres endroits où se tenaient ces travailleurs à très dures conditions (Esclaves). En écoutant aussi des gens comme Willie Brown et Henry Sloan qui voyageaient à travers les plantations.

À 14 ans, il prend comme mentor un certain Earl Harris, son style apparenté au Delta Blues pur. Le début des années 20 permet qu’il fasse des compositions le distinguant des autres musiciens du temps, telles Pea Vine Blues, chanson relative à une ligne de chemin de fer là où des populations entières fuyaient la famine des sécheresses du Sud et autres itinérants voyageant illégalement dans ces wagons et Spoonfull Blues, exprimant les plaisirs de la cocaïne. Une autre primeur à te chanter une drogue comme étant plaisante, des relents que les années fin soixante et soixante dix ont repris, le White Rabbit de Jefferson Airplane en est un exemple plus que frappant. Je n’énumérerai pas toutes les chansons faisant référence à ce type de texte il y en a trop. Tom Rushen Blues qui met en évidence de se faire harceler par le shérif local, I Shut The Sheriff d’Éric Clapton, ça vous dit de quoi la thématique étant assez similaire? Mississippi Bowavil Blues, la vie dure dans les champs de coton, une dénonciation de leurs conditions exécrables fait avec humour, comment désamorcer un malheur à en rire un peu ! Et sa chanson signature Pony Blues, une critique sociale genre protest song étant un précurseur de la chose. Un des créateurs de ce genre de textes à dénoncer des conditions de vie et autres malheurs humains.

Il était un performer extroverti en jouant de sa guitare dans son dos et la jouant avec ses dents et frappant sa guitare pour mettre de l’emphase sur le rythme. Ses techniques ne sont pas pour nous rappeler un certain Jimi Hendrix ! Voilà qui prouve hors de tout doute qu’il est un rouage essentiel au Blues et tout ce qui est en relation avec. Faut spécifier que tous ses enregistrements de l’époque étaient fait sous la forme de 78 tours. 14 de ses chansons étant disponibles. Une chose qui lui a nuit dans sa carrière, c’est qu’il n’attirait pas la clientèle blanche comme un certain Leadbelly faisait à cette époque.

Autre technique qu’il mettait en évidence dans quelques unes de ses chansons, des silences qui mettaient l’audience sous tension et dès la reprise, mettait en évidence l’importance d’un silence dans une chanson si on veut, plus près de notre temps, un certain Jeff Beck avait compris cette astuce avec I’m Going Down. Ses premiers enregistrements datent de 1929 avec encore son « hit » Pony Blues repris par Big Joe Williams en 1966, Canned Heat en 1968, Son House en 1976 et Cassandra Wilson en 2010 pour n’énumérer que ceux-là. Une autre création fut son descriptif personnel de ce qu’il était avec Banty Rooster Blues qui s’appliquait parfaitement à lui, soit un homme bien habillé avec des épouses à tour de bras, ayant été marié oui, 8 fois, tout un coq comme le titre de cette chanson ! Un deuxième enregistrement avec un autre grand succès High Water Everywhere, sur les inondations dévastatrices du Mississippi en 1927 deux ans après le fait. Les inondations de la Nouvelle-Orléans ne sont pas pour rappeler le même malheur déjà chanté par lui.

Il été influencé pas le jeu du banjo dans sa forme de picking rapide et de l’harmonie du piano, instrument que bien des guitaristes célèbres on fait leurs classes. Déclaration de Robert Palmer, il a dit de lui qu’il était un des musiciens les plus importants du XXème siècle. Et même Dylan a dit qu’il ferait un album pour son propre plaisir, il en ferait un avec toutes les compositions de Patton. La preuve évidente a été sa chanson faite en 2001 sur son album Love And Thieft avec High Water (for Charly Patton).

Sa dernière session d’enregistrement en 1934 à New York a permis de voir les affres de sa vie trépidante de bagarreur et sa nette proximité avec l’alcool. Sa voix s’étant détériorée de façon irrémédiable après une attaque au couteau qui lui a sectionné la gorge, qui paraîtrait être une bagarre entreprise autour d’une femme l’année avant ce dernier enregistrement. Fait à noter, deux chansons religieuses étant faites avec son épouse, Bertha Lee, un genre d’acte de contrition peut être, lui seul est apte à nous le dire ! C’est en 1934, d’une crise cardiaque, que s’éteignit à jamais ce musicien et chanteur qui a vraiment, mais vraiment été au même titre que son admirateur Robert Johnson, le rouage majeur du blues et du modernisme dans le jeu de guitare que bien de ses pairs on repris et appris de lui et sa propension à avoir fait dans le Protest Song dans les années 20 et 30. Je ne sais pas si ça existe, mais il pourrait avoir un monument géant dans les environs du Mississippi. Son pied à terre étant lui-même un vrai et authentique géant de la guitare.

BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: STEVEN HENRY
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
2 Comments

2 Comments

  1. larry todd

    18 avril 2020 at 9:27 PM

    Excellent, les article de cette qualité sur l histoire du blues Charley Patton, sa court pas les rue de nos jours ,,bravo, merci,,

  2. Geo Giguere

    18 avril 2020 at 2:09 PM

    quel grand analyste tu es Normand Murray. sommes tres chanceux de te compter parmi les rédacteurs de famille rock!

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