Chroniques

Hackett L’acolyte en solo

We Know That We Like Genesis #39 
Une série sur toutes les époques de ce groupe mythique
Entrevue exclusive avec Steve Hackett
Publié le 4 décembre 2021
Vues 1200 
Republié le 23 septembre 2023

Par André Thivierge

L’après-Lamb

En cette fin du mois de mai 1975, les membres de Genesis se retrouvent devant une période d’incertitude.  Peter Gabriel a quitté le groupe.

Rien n’a toutefois été annoncé pour laisser à Tony Banks, Phil Collins, Mike Rutherford et Steve Hackett le temps de réfléchir à l’avenir de Genesis. Les membres du groupe décideront de prendre une pause après l’exténuante tournée de The Lamb.

Steve passe à l’action

Steve a un projet concret, enregistrer un premier album solo, Voyage of the Acolyte.

Il nous en a parlé en entrevue exclusive.

Famille Rock : Le matériel utilisé pour Acolyte a été écrit pendant l’élaboration de The Lamb.

Steve : Je venais de me séparer de ma conjointe de l’époque et j’étais déprimé.  Toutefois, ma créativité musicale était au maximum. Je sentais le besoin de travailler au-delà des contraintes du groupe. Plusieurs de mes idées musicales étaient plus romantiques que The Lamb. 

FR : Il y avait vraiment beaucoup de matériel qui n’a pas été utilisé par Genesis.

SH : Une grande partie du matériel accumulé provenant de la période d’enregistrement et la tournée de The Lamb, une période où je trouvais difficile d’offrir du matériel qui intéresserait le groupe. J’ai contribué aux improvisations de Genesis mais les pièces que j’avais écrites ne correspondaient pas aux besoins du groupe.

Il y avait tellement de matériel que tout ce qui était spontané ne faisait pas l’affaire. J’ai gardé ces idées de côté.

FR : Vous aviez besoin de reconnaissance à cette époque.

SH :  Compte tenu du départ anticipé de Peter, je voulais m’établir comme artiste solo, au cas où Genesis ne survivrait pas. Je voulais être reconnu comme un contributeur important au groupe. Je voulais aussi démontrer ma capacité de développer des pièces instrumentales significatives qui n’auraient jamais figuré dans le répertoire de Genesis. 

FR : Voyage of The Acolyte, c’est un peu votre moment à la George Harrison avec All Things Must Pass.

SH : J’aime cette analogie. La musique est une industrie précaire. Si quelqu’un ne s’établit pas lui-même comme une entité individuelle, si le bateau coule, vous allez couler avec lui. À cette époque, Genesis pouvait survivre un autre dix ans mais pouvait aussi tomber demain. Je n’avais pas le choix de me lancer.

FR : Comment avez-vous vendu l’idée d’un album solo?

SH : Après avoir accumulé toutes ces idées de chansons, je suis allé voir Tony Smith, le gérant de Genesis qui était d’accord avec l’idée d’un album solo.  Il a accepté immédiatement l’idée et lui a même donné son nom.

Tony Smith, à gauche en 1974 avec les membres de Genesis

FR : Quel était le thème de l’album ?

SH : J’ai basé le concept de l’album sur les cartes de tarots, relatant une journée spirituelle où chaque carte devient une métaphore des expériences vécues dans une vie.

FR : Vous avez donc loué un studio d’enregistrement pour mettre le tout ensemble au début de juin 1975.

SH : Oui, j’ai réservé moi-même les Studios Kingsway. Étant au 2e étage d’un édifice à bureaux, les sessions d’enregistrement ne pouvaient débuter avant 18h. Il y avait peu de sommeil, beaucoup de cigarettes et de tasses de soupe. J’étais anxieux mais bien encouragé après avoir enregistré Hands of Priestess après le premier jour. Je sentais que c’était pour fonctionner. 

Kingsway Studios

FR : Vous avez demandé à deux de vos collègues de Genesis de participer à l’album.

SH : Oui, j’avais une bonne connexion avec Mike musicalement et Phil acceptait à l’époque à peu près toutes les demandes pour agir comme musicien de session. Je leur ai demandé de participer à l’album car c’était une façon d’explorer l’inconnu tout en me gardant une familiarité. Et ils ont fourni un soutien rythmique incroyable. Ils ont absorbé mes idées. Ça sonnait fantastique.

FR : Comment se sont-ils adaptés à votre méthode de travail?

SH : Pour Mike et Phil, jouer sur mon album était un choc culturel. Ils étaient confrontés à des idées musicales préétablies au lieu d’improviser dans une salle commune, comme ils étaient habitués à le faire avec Genesis. Je me souviens de leur avoir dit que je sais que nous ne fonctionnerons pas de la même manière que Genesis. Et Phil de me demander si j’étais sûr de ne pas prendre quatre heures pour développer une pièce, comme les autres groupes le faisaient à l’époque. 

FR : Donnez-nous des exemples de pièces qui ont été pratiquées par Genesis et qui ont finalement abouti sur votre album

SH : A Tower Struck Down avait fait l’objet de répétitions par les membres du groupe. Il y avait aussi une pièce de Mike qui est la fin de ce qui est devenu Shadow of The Hierophant que j’ai toujours aimé. Genesis l’a répété mais n’a jamais fini par être mis sur un album. Je me souviens de lui avoir demandé ce qu’il en pense et m’avoir répondu qu’il ne pensait pas que ça aboutirait quelque part. Alors, il a accepté que je l’utilise. 

FR : Et Phil a chanté sur l’album de même que Sally Oldfield, la sœur de Mike.

SH : Phil avait chanté avec moi sur Nursery Crime et il avait eu sa propre pièce sur Selling.  Je me suis dit qu’il devait chanter sur Star of Sirius. Ce n’est pas surprenant ensuite qu’il soit finalement devenu la nouvelle voix de Genesis quelques semaines plus tard.

FR : Et votre frère John Hackett a participé activement à l’album.

SH : Oui, mon frère John était déjà un excellent joueur de flûte et je savais que notre chimie était très bonne. Nous avions déjà joué The Hermit ensemble lors de mon audition avec Genesis en 1971. Il a joué sur l’album plusieurs instruments à vents comme la flûte et le hautbois et a co-écrit A Tower Struck Down.

Steve & John Hackett

FR : En plus de la guitare, vous avez joué plusieurs instruments y compris le Mellotron.

SH : Comme j’ai co-produit l’album, je me suis laissé beaucoup de liberté.  J’ai commencé à utiliser plusieurs sons qui avaient été enregistrés pour The Lamb mais qui n’avaient pas été utilisés proprement en raison du mixage de l’album. J’ai utilisé le synthi hi-fli qui offre un effet de vibrato très large que j’ai utilisé pour créer l’atmosphère inquiétant de A Tower Struck Down.

FR : Vous y avez mis beaucoup d’énergie

SH : C’était une période très excitante pour moi. C’était merveilleux de sentir que je pouvais élaborer un album complet par moi-même. J’étais très excité d’entendre toute cette musique que j’avais mise ensemble. Développer l’album a vraiment stimulé ma confiance. Je n’avais jamais développé de simples, alors, imaginez mettre en place un album complet. 

L’album a été complété à la fin de juillet 1975 offrant des passages allant du rock au jazz avec des pointes d’influence classique. L’album était le reflet de la rencontre de Steve à l’époque avec l’artiste brésilienne Kim Poor, qui illustrera Voyage of The Acolyte ainsi que plusieurs de ses albums subséquents. Celui-ci sera lancé quelques mois plus tard.

Steve Hackett & Kim Poor

Autres projets individuels des membres de Genesis

Pendant cette période, Phil a commencé à jouer avec Brand X qui lui permettait d’exprimer son amour pour le jazz fusion. Pour Phil, Brand X était une réaction envers la musique rigide de Genesis. Pendant la période de l’album The Lamb, Phil écoutait beaucoup le Mahavishnu Orchestra et songeait à quitter Genesis. Au sein de ce groupe, les arrangements étaient rois.

« Quand une chanson était arrangée, il n’y avait aucun espace pour de l’improvisation. » Brand X est alors devenu une maitresse musicale pour Phil tandis que Genesis était son épouse stable.

En 1976, il expliquait au magazine Melody Maker, « Entre les tournées, les autres gars de Genesis pouvaient rester à la maison, écrire tandis que je préférais être dehors à jouer. »

En plus de Brand X, Phil continuera à agir comme batteur de sessions pour de nombreux artistes tels Argent, Brian Eno, Eddie Howell, John Cale et Tommy Bolin.

En plus de participer à l’album de Steve, Mike continuera à travailler avec l’ex-Genesis, Anthony Phillips pour développer de nouvelles chansons qui apparaitront deux ans plus tard sur son premier album solo, The Geese and the Ghost.

Tony, de son côté sera approché par Tony Stratton-Smith de Charisma pour développer un album orchestral de reprises de chansons de Genesis. Ce projet ne s’est jamais rendu plus loin qu’à son stage initial.

Quel est l’avenir de Genesis?

Pendant cette période consacrée à des projets en dehors du groupe, il est toujours permis de se demander ce qui va se passer avec Genesis, maintenant que Peter n’est plus dans le décor? Les événements vont commencer à se bousculer à partir du mois d’août 1975. 

À suivre!

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