Pink Floyd Later Years

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Autopsie : Pink Floyd 
Album : The Later Years  (1987-2019)
Publié le 18 mars 2020
Vues 2,400 vues
Republié le 18 septembre 2021

 

 

Par Ricardo Langlois

Je replonge dans mon adolescence. Je me tenais tout le temps à côté du monde, du coté muet de la vie. Ado, je ressentais un bonheur étrange à écouter Pink Floyd. C’était les amplis de ma table tournante qui allait dicter la toile spirituelle de ma vie. Je n’aimais pas les sports et j’aimais les gars. Ce sont les notes de guitare de Gilmour qui me faisaient vivre. Il avait adopté la Fenfer Stratocaster comme Jimi Hendrix. Parfois, durant un cours, je dessinais des petites guitares. Je cherchais quelque chose à travers la musique. Quand j’étais ado, seule la musique de Pink Floyd et et de Black Sabbath me rendaient à moi-même. La guitare me rentrait dedans comme une pièce de velours que l’on déchire. Ça me touchait tellement que je décidais de porter uniquement des t-shirts ajustés comme David Gilmour.

Le fantôme de Syd Barrett

Voici un album live. Disons une impossible suite. On joue gros avec Whish You Were Here (1975), ici on nous offre Shine on You Crazy Diamond (part 1-5) enregistrée live en 1990. Un affectueux hommage à Syd Barrett, le fondateur. David Bowie disait à propos de Barrett : ‘son impact sur ma réflexion fut prodigieux, mon grand regret est de ne pas avoir eu la chance de le connaitre’. Et ce n’est pas fini, comment mettre de la lumière dans la musique. Syd fut influencé par John Lennon à l’égard de l’industrie de la pop selon Nick Mason (1)

On retrouve sur ce live, des pièces de l’album A Momentary Lapse of Reason qui se classe instantanément en 1987 à la 3ème place des hit-parades des deux côtés de l’Atlantique. Je savais que certains fans n’apprécieraient pas un Floyd sans Waters, je ne savais pas qu’ils seraient si peu nombreux, disait Gilmour à l’époque. Il s’agit de l’album de retour avec plusieurs hits intéressants (Learning to Fly, On the Turning Away et deux autres bijoux créés en deux jours avec les claviers de Rick Wright et de nouveaux plans de batterie enregistrés par Nick Mason. Suivra une tournée mondiale de deux ans. Floyd et Gilmour face à Kaos de Waters, tandis que ce dernier jouait aux States dans des salles de 6,000 personnes, généralement à moitié pleines, son ancien band bondait des stades de 80,000 fans. Le public, comme moi, cherchions notre Pink Floyd (2).

J’ai pensé au bonheur que j’ai eu à faire tourner ces chansons que je mentionne à la radio de Châteauguay en 1990 (CHAI FM), en écoutant cet album (après une certaine attente), je me sentais en dentelle et en plomb. Il n’y a que moi (à travers Pink Floyd), le Monde et le Ciel. La masse à dissoudre est énorme. Je l’avoue bien humblement, le succès commercial de The Wall m’a fait mal. Je sentais la douleur de Waters. Ce mur entre lui et moi, c’était ma perception. Comment escamoter la Souffrance? Par un livre, une musique, une prière? Ai-je trop aimé Pink Floyd comme un but (le ciel étoilé) de façon imprécise? (3)

Comfortably Numb décortiqué

Pink Floyd, ce sont des musiques brûlantes. Des précisions hallucinantes. Dans Meddle, je retrouvais mon trésor d’enfant avec toujours ce chagrin. Cette différence qui fait que je suis appelé à quelque chose de l’invisible. Dans mon grenier intérieur, il y aura toujours Pink Floyd, la musique de Dieu (la fondatrice de mes insomnies). La plus grande réussite de cet album live est sûrement Comfortably Numb (live 1990).

Pouvez-vous vous lever? Je crois que ça marche bien. Ça va vous assurer, aider à sauver le show, venez il est temps d’y aller. Les Hello Relax et Okay se répètent en écho suivi par des guitares pour donner le sentiment de planer que des nappes de cordes soutiennent en fond et auquel des trombones donnent de la profondeur. Pink Floyd est lui-même comme sur une mer, son corps est tel comme un bateau ivre. La semi-conscience que j’ai de mon corps est inaccessible. Suis-je malade alors que je suis bien?

 

I have become comfortably Numb. Je suis confortablement engourdi.
Il y a une rupture entre l’enfant et l’adulte.
When I was a child
I caught a fleeting glimpse
Out of the corner of my eyes
I turned to look but I was gone
I cannot put my finger on it now
The child is grown
The dream is gone

Un manque. Un chagrin. Un discours médical face au malade par Roger Waters. Confortably Numb est une fable sur la schizophrénie. La Rock Star en prédicateur. D’un point de vue phéménologique c’est le vécu léthargique. Il faut écouter le second solo de Comfortably Mumb, plus long, plus puissant, que le premier. Ici, il y a une image forte, n’est-ce pas une méditation sur Syd Barrett qui dort quelque part?

Pink Floyd instrumental

Dédié à Rick Wright (décédé en 2008), l’album Louder Than Words a été réalisé à partir des séances d’enregistrement inédites de The Divison Bell, un album imaginé et réalisé en grande partie sur un vaisseau de 27 mètres de long et acquis par Gilmour. La légende veut que Mason a eu du plaisir. Parce qu’il est le survivant à Barrett, à Waters et même au chanteur des Sex Pistols engagé comme chanteur à cause de son t-shirt I hate Pink Floyd. C’est ça la rébellion.

Notes de l’auteur

1. Notes de Sean Egan, Pink Floyd, Les tourments de la gloire
2. Lecture d’un article, la revanche de David Gilmour, revue Rolling Stone, no 120
3. Réflexions personnelles à partir d’un livre de poésie de Christian Bobin, La lumière du monde, 2003
4. Le coffret The Later Years contient plus de 13 heures (audio et vidéo) de 1987 à 2019.

Moi, je vous ai proposé l’album CD de 12 pièces de remix live avec David Gilmour, Nick Mason et Richard Wright sous le label Pink Floyd Records.