Dossiers

1985 Metallica à Voivod

1985 : les souvenirs de Ricardo
Publié le 1er septembre 2020
Vues 2700
Republié le 15 mars 2022

 

Texte de Ricardo Langlois

Je crois sincèrement qu’il faut rêver sa vie. Cette énergie spirituelle qui est en moi m’amène à réaliser des rêves inimaginables. Après mes escapades de contre-culture, je suis dans un autre rêve en plus d’avoir un compagnon de vie. Pendant ce temps, Pop Rock deviendra une revue de rock et de métal. C’est normal, nous sommes en Amérique. La compétition est forte et sans pitié.

Ricardo en entrevue pour le Pop Rock avec Serge Gaudreau, chanteur d’Heavenknox

Métallica, l’étoile montante

Géo va tout faire pour continuer. Il prend des risques. Ronald McGregor et Luc Grisé sont de nouveaux collaborateurs talentueux. Ils participent à cette incroyable époque du renouveau. En 1985, c’est Metallica, l’étoile montante. Première rencontre chez Rock en Stock. À mon grand étonnement, Kirk Hammett me dit « Tu veux venir avec nous à l’hôtel ? Tu as l’air cool. Tu aimes la bière? » Durant une entrevue improvisée, à l’hôtel 4 Saisons, je déclare solennellement « Les gars, je vous vois en première position du Billboard. Vous allez être BIG !!! Vous êtes jeunes, Montréal est fou de Metallica ! » Kill ‘Em All et Ride the Lightning s’inscrivent dans un renouveau. Un métal recherché (presque prog sur Orion, la pièce instrumentale). Suis-je obligé de leur dire que j’ai rêvé à eux ?Prémonition? Je les vois dans un stade complet (rappelez-vous de leur tournée à Moscou).

Photo : Wayne Archibald

J’ai tout visualisé dans mon inconscient. Tout est possible. Que vouloir de plus dans un univers de feu, de sang et d’hypocrisie. La musique est forte. Grandiose. A-t-elle un sens? Les antonymes ? Rudesse, dureté, méchanceté. L’époque est barbare. Cette lourdeur, cet abîme, sont-ils des jouissances? Je vous ai cherché et vous m’avez trouvé. Et Megadeth? Une mini-rencontre dans le corridor du Spectrum, Dave Mustaine était saoul. Complètement malheureux, le doigt dans le nez, il me parle de trahison. « C’est moi qui est en partie responsable du succès de Metallica.» Il est blessé. Il a l’air d’un chien battu. J’ai une photo de ça (introuvable hélas!!) Oui, mon ami Stéphane l’a pris en pitié. Un moment de grâce.

Anthrax, skateboard et bermuda

Sans le savoir, Anthrax m’a donné le goût du skateboard et du fameux bermuda. Pour moi, c’est Amond the living qui amorce leur carrière. Les gars m’ont signé une photo. Entre temps, je dois continuer à écrire sur tout ce qui se passe au Mustache. Why Not, Sword, Heavenknox, Stormbringer, de jeunes bands solides qui s’inspirent de Maiden, Priest, Ozzy etc. Rien de métaphysique, rien de mélancolique. On les aime et c’est réciproque. Junior Picard, toujours à mes côtés. Moi qui m’intéresse à l’ésotérisme, à Kerouac… Non, je suis dans un monde d’exploration. 1985 c’est aussi Rush et Power Windows.

Photo : Wayne Archibald

Accept, une révélation personnelle

C’est en mars 1985 que je rencontre Wolf Hoffman, le guitariste d’Accept. L’été est déjà là pour moi. Metal Heart (la suite de Balls to the Wall) avec des passages de musique classique. J’ai eu le culot de lui demander s’il aimait le Black Metal. Bien sûr que non. Accept sera toujours un band de métal mélodique. À Montréal, ils obtiennent un succès monstre. Cette entrevue avait été possible grâce à Mario Lefebvre de CBS, qui est rendu avec une big star, Céline Dion. Pour moi, Accept représente un groupe différent. Une intelligence au-dessus de la moyenne et le groupe existe toujours.

Photo : Wayne Archibald

Une question qui n’a jamais été dévoilée Les Leather Boys, c’était un hommage aux jeunes gays ? La réponse est claire,« Yes my friend !!! » avec un large sourire.

Voivod, c’est nous autres

Mc Gregor avait écrit des passages de leur communiqué de presse : on raconte que les voïvodes détruisaient les villages, empalaient les villageois et qu’ils dressaient une table au milieu de l’hétacombe afin de célébrer la victoire et boire le sang de leurs victimes. Voivod de Jonquiere, War and pain sortira sur Metal Blade le 11 septembre 1984, le groupe deviendra en quelques mois un groupe de réputation mondiale. Le 8 février 1985, ils sont au Salon de la Jeunesse. J’assiste à des discussions de malades avec Blacky. Son insouciance, sa gentillesse, son accoutrement de guerrier, ça vaut tout l’or du monde. 30 000 copies de vendues pour War and Pain en quelques mois. Après avoir tant écrit sur le métal : Iron Maiden, Dio, Ozzy, Kiss, etc… Voivod arrive comme l’Apocalypse. Ils sont sublimes et tellement pertinents. Je l’avoue : je n’ai jamais décroché. Ils ont été dans mon cœur durant toutes ces années. Mais la vie m’a amené ailleurs.

Photo : Chris Metz

Je voulais la Lumière, faire de la radio, la liberté avec mes amis de Mirabel. Quand Pop Rock a fermé ses portes, j’étais déjà ailleurs. Je me préparais pour m’en aller à la radio de Châteauguay. En 86, moi et mon chum, étions déjà là-bas. J’étais déjà chroniqueur, mais je voulais faire de la radio, de la recherche etc. Un beau souvenir de Voivod, Rappelez vous de leur clip Astronomy Domine (une reprise de Pink Floyd) qui jouait en boucle à Musique Plus. J’étais fier pour eux. Ils ont réussi à percer le palmarès américain en 114 e position du Billboard avec l’album Nothing Face.

Slayer et Venom

Slayer, c’est le métal de la délinquance. C’est l’ode à la Mort. Le règne du Sang. La colère homérique. Ne pas écouter sur des antidépresseurs. C’est l’éthique réactionnaire. Ici, je vous dois un aveu : Kerry King (pas grand, 5 pi 6 pouces) est un gentleman, doux et sincère. Éric Roger de Solovox était avec moi, mais honnêtement, ce qu’il dit sur les autres bands, c’est de la jalousie. Il envoie Great White, Def Leppard, Motley Crüe à la poubelle. « Ils envahissent la radio, ce n’est pas du vrai métal!!! » Ou quand il raconte une chanson « j’ai écrit une chanson sur un prêtre qui s’est marié, qui a eu un fils poursuivi par un maniaque homosexuel?? »

Quoi?? Pour Venom, 3 soirs au Spectrum avec Slayer pour la présentation de Hell Awaits (un classique). Cronos, chanteur et bassiste (il est gay) passait son temps à me jouer dans les cheveux… stoned totalement !! Venom a ouvert une brèche dans le Black Metal. À chacun son public.

Slayer. Photo : Wayne Archibald

Mercyful Fate et King Diamond

Le black metal, c’est Mercyful Fate. Le 7 novembre 1984, ils sont au Spectrum de Montréal. L’entrevue se déroule dans les règles de l’art. Cette voix qui se dédouble. La personnalité de King Diamond, un homme doux, sensible, à fleur de peau. Difficile de discerner ce qui se cache sous ce déguisement. Influencé par Rob Halford? Euh non? Vraiment. Mais mon intérêt se porte sur Hank Shermann, jeune guitariste surdoué. Il affirmait avoir débuté sa carrière par des reprises de Kiss et AC/DC dans les années 1977-78.

Black Sabbath en premier

Histoire d’être fidèle à moi-même durant ces années glorieuses, Black Sabbath et Ozzy Osbourne ont été ma plus grande influence. Dans une édition de mai 1985, je parle de Black Sabbath suite à une entrevue de 1974 que j’avais aimé sur Sabbath Bloody Sabbath. J’aimais l’idée que le groupe voulait rester à contre-courant. La presse spécialisée qui s’acharnait sur eux. Cette idée de perfection : Master of Reality, Le grand chef-d’œuvre écrit en 3 semaines. Une expérience de vie.

Le journal Pop Rock, un mandat de 6 années pour moi. Tant de spectacles, de rencontres, d’albums à écouter et réécouter. Après tout ça, j’ai fait comme Kerouac, j’ai prié pour un changement : le besoin de faire de la radio. Deux émissions (Rock et Jazz). Beaucoup de travail de recherche. CHAI fm et Réjean Blais m’ont permis de faire une radio différente. Écrire et vieillir tranquillement à 30 ans. Je pense à Kerouac : je suis le vide, je ne suis pas autre chose que le vide….Une étoile y brillait (Les Clochards Célestes). Moi et mon compagnon de vie avons traversé le Temps (l’éphémère du temps). Nous sommes partis en Gaspésie (un road trip) presque un mois pour tout repenser. En 1990, au lac des Plages, je découvre Le Souffle de l’Harmattan de Sylvain Trudel et ce livre m’a ouvert une autre porte : j’allais étudier à l’Université du Québec entouré des meilleurs étudiants au monde.

 

BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: STEVEN HENRY
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

2 Comments

2 Comments

  1. Ricardolanglois

    21 septembre 2020 at 8:06 PM

    1985 une année inoubliable pour Pop Rock et pour moi Merci Géo et toute l’équipe

  2. Geo Giguere

    2 septembre 2020 at 7:38 PM

    quel bons moments nous avons passé ensemble a la barre du journal Pop rock. excellent texte comme dans le bon vieux temps, merci Ricardo!

You must be logged in to post a comment Login

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire le pourriel. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Archives

Compteur

  • 490 008 Visites

Suivez-nous

To Top

Fabriqué au Québec!

Pour Un Monde Meilleur!

Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone!

Honorons Nos Survivants Pleurons Nos disparus