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Entr’ deux joints

Entr’ deux joints, 1973
Publié le 3 février 2022
Vues 1200
Republié le 8 octobre 2022

 

Par Laurent Lavigne

Ce texte est extrait du livre  27 chansons qui ont marqué le Québec, publié et disponible aux Éditions les Heures Bleues.

Entr’ deux joints

Paroles : Pierre Bourgault (1934-2003)
Musique : Robert Charlebois

Entr’ deux joints est une véritable chanson rock à trois accords, conforme à celles d’Elvis et écrite et chantée en français. Robert Charlebois chante Entr’ deux joints depuis 1973 et il en demeure le meilleur interprète.

Cette chanson est faite pour danser et festoyer, elle est d’ailleurs interprétée de nombreuses fois lors de la Fête nationale du Québec et en spectacle. Elle présente une couleur politique teintée de l’aspiration d’un peuple à son indépendance.

Le texte est l’œuvre de Pierre Bourgault, qui n’a pas écrit beaucoup de textes de chansons. Il a signé les textes de l’album Si j’ai ça icitte…c’est pour toé de Steve Fiset qu’il avait rencontré au Parti québécois. Mais cet album a connu peu de succès. Il a écrit le texte d’Entr’ deux joints en 30 minutes, devant Steve Fiset, avec l’intention arrêtée de le donner à Charlebois.

C’est lors d’un repas festif que Charlebois y ajoute le refrain « Grouille, grouille… » et voilà la chanson terminée! Elle sort sur l’album Solidaritude en 1973 et gratifie enfin Bourgault d’un succès.

Selon le blogueur Pierre Allard, Pierre Bourgault aurait été inspiré par un éditorial qu’il a rédigé le 19 février 1971 pour la revue Point de Mire, dont il était rédacteur en chef. Ce texte intitulé Entre deux joints fait le constat de la désaffectation et de l’apathie des jeunes vis-à-vis l’engagement politique. Cette observation suit octobre 70, dans un Québec sans révolution ni contestation. Bourgault explique cette espèce de léthargie par la lâcheté. Quant au pot, il se défend d’y voir une cause, étant lui-même amateur de la substance.

Bourgault bête politique

La chanson et son message s’adressent aux jeunes et au peuple. Elle constitue un instantané du Québec post-crise d’Octobre. C’est un constat de l’auteur qui déplore l’échec du pays à faire en raison de ses propres démêlés au Rassemblement pour l’Indépendance du Québec (RIN) qu’il a, selon lui, sacrifié au profit de la formation du récent Parti québécois.

Au moment d’écrire ce texte, Bourgault vivote, sans véritable emploi rémunérateur ; il n’enseignera à l’UQAM qu’à partir de 1976. La bête politique qu’il est a prononcé plus de 4 000 discours en faveur de l’indépendance, mais à son grand désarroi, le fruit n’était pas mûr. Et il s’en veut, s’en tient responsable et fustige l’inertie des Québécois.

1972

Le texte d’Entr’ deux joints commence par la défaite sur les plaines d’Abraham en 1759, peu avant la capitulation et la remise du territoire aux Anglais en 1760. Le récit se poursuit sur le laisser-faire en vogue depuis cet événement, selon Bourgault, et l’impossible accès des Québécois à l’autonomie. Il suggère alors aux Québécois de prendre leur place, en changeant notamment de gouvernement, et de s’orienter vers la création d’un pays.

La situation du Québec a changé depuis l’époque de la rédaction de ce texte. La province s’est développée puis affirmée culturellement, socialement et économiquement. Des compagnies qui ont connu leur heure de gloire – RONA, Bombardier, St-Hubert – sont passées sous la gouverne de l’étranger, mais de nombreux faits et réalisations attestent du génie et de la créativité du Québec de façon quasi quotidienne.

Comme le dit le texte de la chanson à la toute fin : « Ici au Québec, tout commence par un Q pis finit par un bec »… une ligne toute pacifique!

Chanson devenue légale ?

À la surprise de plusieurs, il n’y a pas eu de critiques à l’égard de la substance jouant le rôle-titre de la chanson, ni au fait qu’elle associe le Québec à un monde fumeur de joints. Même le « tu pourrais t’grouiller l’cul » n’a pas fait frémir.

Mais maintenant, le fait que l’achat et la consommation du cannabis à des fins récréatives soient devenus légaux ne devrait pas causer problème à Entr’ deux joints. Sauf que la loi récente interdit toute forme de publicité pour le cannabis… est-ce à dire que Charlebois devra se retenir de l’entonner en public?

Autres chansons émérites de Robert Charlebois : Ordinaire, Lindberg, Dolorès, Les ailes d’un ange, Demain l’hiver.

Cette chanson est extraite du livre 27 chansons qui ont marqué le Québec. Disponible sans frais de livraison àhttps://www.heuresbleues.ca/27-chansons
Voir la critique du livre ci-jointe de Sylvain Cormier du Devoir : 

BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

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