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Genesis Cepsum: premier spectacle

Par Michel Branchaud

Mon premier spectacle à vie
Genesis au Cepsum le 20 avril 1974
Paru le 1er août 2017
Republié le 16 février 2021
Vues 10,300 
Republié le 25 janvier 2022

Par Michel Branchaud

L’achat des billets

En 1974, je dois vous avouer que je ne connaissais pas beaucoup la musique. Je connaissais les Beatles, Elvis, les Rolling Stones, mais c’était à peu près tout.

(de gauche à droite) : Peter Gabriel, Phil Collins, Tony Banks, Mike Rutherford et Steve Hackett.

Je travaillais à cette époque comme emballeur chez Steinberg aux Galeries d’Anjou. Un de mes confrères de travail est venu me voir durant une pause et m’a demandé « J’ai deux billets pour Genesis au CEPSUM demain soir, est-ce que ça te tente de les avoir ? ». Je lui ai répondu « QUI ??? ». Il me répète « Genesis. C’est un band rock d’Angleterre qui donne un excellent show »

Je ne les connaissais pas, j’ai appelé mon cousin Denis pour lui demander si lui, il les connaissait, mais il ne les connaissait pas plus que moi. Je lui ai dit « Les billets coûtent 6$ chacun. Je sais que ce n’est pas donné, mais ça me tente de prendre une chance ». Il faut comprendre que 6$ ce n’est peut-être pas beaucoup, mais je gagnais à l’époque 2$ de l’heure, alors ça représentait quand même 3 heures de travail. Mon cousin accepta et j’ai acheté les billets.

Le lendemain soir, on se présente donc au CEPSUM, le centre d’éducation physique et sportif de l’Université de Montréal et on se trouve des places assez hautes, à la droite du stage. Mais le CEPSUM n’est pas très grand et il n’y a pas vraiment de mauvaises places. Les places n’étaient pas réservées mais ceux qui avaient déjà vu leur spectacle du 10 novembre savaient quel genre de spectacle que Genesis donnait, ils se sont donc arrangés pour arriver tôt.

Une première partie

Ce n’était pas inscrit sur les billets, donc nous ne savions pas qu’il y avait une première partie. Nous n’étions pas les seuls à ne pas le savoir car tout le monde semblait surpris. Ce n’était pas un total inconnu. C’était Peter Hammill, le fondateur du groupe Van der Graaf Generator. Mais, il était seul avec sa guitare et les spectateurs semblaient ne pas apprécier sa prestation. Ils lui ont fait sentir en allant jusqu’à le huer à un certain moment.

Hammill avait pris une pause avec Van der Graaf et il venait de sortir un deuxième album solo. Moi, je ne connaissais pas et personne autour de moi ne semblait le connaître. Disons que ça commençait mal la soirée, mais nous nous disions que ce n’était pas pour lui que nous étions là, alors on verra bien ce qui arrivera avec Genesis.

Le spectacle commence

Après une courte pose pour démonter les instruments de Peter Hammill et durant laquelle j’ai vu pour la première fois les fameux ballons de plage survoler au-dessus de la foule par des coups que chaque spectateur donnait sur le ballon (c’était une tradition dans l’temps lors des entractes).

Au bout de quelques minutes, les lumières du CEPSUM s’éteignent et le groupe s’installe. C’est fou, moi qui n’a pas de mémoire, je me rappelle de ces moments comme si c’était hier. Le clavier de Tony Banks se fait entendre avec de longues notes, très progressives et le stage est toujours plongé dans le noir. Puis, à mesure que le son de l’orgue progresse, les lumières bleutées se mettent à éclairer le stage tout doucement, mais c’est encore très sombre. Puis, la basse de Rutherford s’ajoute… et la batterie de Collins. À mesure que la musique montait, nous commencions à apercevoir Peter Gabriel, vêtu de sa cape noire et de son chapeau à ailes de chauve-souris qui devenait phosphorescent sur les hautes notes de Banks. Après une longue introduction très spectaculaire, les lumières s’allument et Gabriel entame les premières paroles de Watcher of the Skies.

Ça y est, ma vie venait de changer et je suis très sérieux en disant ceci. Je venais de tomber en admiration avec ce groupe, admiration qui a tenu le coup jusqu’à la sortie de And Then There Were Three en 1978. Même si j’ai abandonné quelque peu à ce moment-là, sauf pour quelques rares moments dans les années suivantes (l’album Duke), je suis quand même resté fidèle à la période de Peter Gabriel durant toute ma vie.

Entre Gabriel et le public, c’est le coup de foudre

Après la longue ovation qui a suivi la pièce Watcher of the Skies, Peter Gabriel ne perd pas de temps et s’adresse immédiatement à la foule, et en français en plus de ça. Il n’en fallait pas plus pour qu’il conquit son public. Entre chaque chanson il racontait une petite histoire pour introduire celle-ci. Son français n’était pas toujours parfait, mais quand même assez compréhensible.

Comme deuxième pièce, Genesis nous a offert Dancing with the Moonlit Knight. Encore une fois, Banks nous envoûte avec la longue partition musicale de cette pièce. Tony Banks (claviers), Steve Hackett (guitares), Mike Rutherford (basse) et Phil Collins (percussions) se tiennent tous tranquilles et laissent toute la place à Gabriel. En retour, durant les nombreuses partitions musicales des musiciens, Gabriel se retire et leur laisse toute la place.

Comme troisième pièce, c’est déjà le méga hit The Cinema Show, ce fut un des moments forts de la soirée. Puis vint ensuite le plus gros hit du groupe à ce moment, I Know What I Like. La foule connaissait très bien les paroles et les chantait avec Gabriel qui nous a donné toute une performance avec son aspect très théâtral durant cette pièce.

Comme cinquième chanson, ce fut au tour de Firth of Fifth, encore une pièce avec une très longue partition, mais ce n’est pas un problème, la foule en raffole, même qu’elle en redemande. Et The Musical Box, un autre des moments très forts du spectacle avec sa fin ultra théâtrale, voyant Peter Gabriel coiffé d’une tête de vieillard, l’ovation fut très longue.

Ensuite, je suis un peu confus. Je sais que le groupe a joué Horizons le lendemain soir car le spectacle était retransmis en direct à CHOM-FM, mais je ne me rappelle pas l’avoir entendue lors du spectacle.

Comme pièce suivante, nous avons eu droit à ce que je qualifie de moins bonne chanson du show avec The Battle of Epping Forest, mais Peter nous donne tellement un bon spectacle avec ses costumes, ses mimiques et ses déplacements sur scène, que c’était quand même très bon.

L’apothéose

Les chansons de Genesis sont pour la plupart de longues chansons. Beaucoup plus longues que la majorité des autres groupes. Comme nous en étions à notre septième ou huitième chanson, nous savions que la fin arrivait. Et cette fin, les fans du groupe savaient très bien ce qu’elle allait être.

Quand Peter Gabriel a commencé à chanter les paroles Walking across the sitting-room, I turn the television off, les fans ont immédiatement reconnu Supper’s Ready. Sincèrement, comme je ne connaissais pas ce groupe avant ce spectacle, je ne savais pas à quel point j’allais être émerveillé durant cette longue prestation. Mais en voyant Gabriel faire son spectacle sur cette pièce de 23 minutes, je peux vous garantir que j’en ai eu plein la vue et plein les oreilles. C’est en chantant cette chanson qu’il porte sa tête en fleurs, et à la fin, il s’empare d’un tube fluorescent qu’il brandit dans les airs avec toute sa démonstration théâtrale.

Genesis ne donnait pas de rappel à cette époque. Il jugeait que rien ne pouvait suivre Supper’s Ready et je le comprends.

J’étais conquis !

Bien entendu, dès le lundi matin je me suis retrouvé au magasin Sherman des Galeries d’Anjou pour acheter le disque Selling England by the Pound, et quelques jours plus tard, j’y retournais pour acheter Foxtrot. Rappelez-vous que je n’étais pas un maniaque de musique avant ce show. Et bien en moins d’un mois je me suis acheté un système de son (au grand désespoir de mes parents 😊) et 4 disques de Genesis car j’ai aussi acheté Trespass et Nursery Cryme.

Genesis m’a vraiment appris à aimer la musique. J’ai eu la chance de voir comme premier spectacle un groupe qui jouait exactement le genre de musique qui me convenait, le Rock progressif. Par la suite, je suis rapidement devenu un grand amateur de Pink Floyd, de King Crimson, de Yes et de pas mal tout ce qui était progressif. Par la suite, mes horizons se sont quelque peu élargis et j’ai commencé à écouter du rock comme les Rolling Stones, Styx, Alice Cooper, Queen et plusieurs autres, mais je me rappellerais toujours que tout a commencé ce samedi soir 20 avril 1974 avec Genesis !

 

BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: STEVEN HENRY
RÉDAC’CHEF : MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
SECRÉTAIRE À LA RÉDACTION : RENÉ MARANDA

4 Comments

4 Comments

  1. Pingback: Genesis L’Ange Gabriel s’envole! – FamilleRock.Com

  2. Michel bertrand

    24 juin 2019 at 8:36 AM

    Disons moi aussi j ai assiste a ce spectacle .je connaissais pas genesis jai trouve le spectacle tres bon malgre la qualite du son .

  3. M Sicotte

    19 avril 2019 at 9:41 AM

    Salut,
    Bravo pour votre mémoire, je n’ai pas autant de précision dans mes souvenirs faut dire que dans le temps il n’y avait pas de fouille à l’entrée fac on avait tout ce qu’il fallait pour tripper au parterre en plein centre avec Peter en face de nous à 30 à 40 pieds tout au plus.
    Donc, j’y étais moi aussi mais je devrais plutôt écrire on, j’avais invité Sylvie a m’accompagner, une amie avant le show mais beaucoup plus par la suite et depuis ce temps nous sommes toujours ensemble et on en relate les souvenirs à chaque année.
    Le baiser à la fin fait toujours une bonne finale 😉

  4. Daniel Cayer

    28 juillet 2018 at 12:29 PM

    j’étais aussi à ce spectacle qui était en tout point semblable à celui de novembre 73, mis à part le maquillage et la coupe de cheveux de Peter Gabriel et je peux moi aussi dire que Genesis a changé ma vie. Heureusement aujourd’hui, grâce à Youtube, on peut revoir des extraits de spectacles de cette tournée.

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