Chroniques

Histoire du Blues origines 2

Histoire du Blues #2
La musique à travers les âges
Publié le 14 mai 2022

 

Par Nathalie Ruscito

The Deep SouthLe Sud profond, est une région culturelle des États-Unis, et une richesse musicale exceptionnelle. Toute notre musique, tel que nous la connaissons aujourd’hui, le Blues et tous ses dérivés nous viennent de cette région. Elle fait partie de la plus grande région du Sud des États-Unis. Situé au nord du golfe du Mexique, le Sud profond se distingue du « Vieux Sud », c’est-à-dire la partie méridionale des anciennes treize colonies. En 2007, le « cœur » du Sud profond (Alabama, Caroline du Sud, Géorgie, Louisiane et Mississippi,) comptait environ 25 millions d’habitants sur 302 millions d’Américains. La principale agglomération est Atlanta. La part des Afro-Américains est plus élevée que la moyenne nationale (cette région est au cœur de la Black Belt). Le fleuve le plus important est le Mississippi qui se jette dans le golfe du Mexique en formant un delta. Le Sud profond se distingue par plusieurs caractéristiques, entre autres par l’esclavage des Noirs et l’économie de plantation au xixe siècle, il est aussi considéré comme le berceau du Jazz.

La mélancolie noire. La définition formelle du blues est simple : une structure harmonique invariable, sur un rythme souvent lent, à quatre temps. « C’est le schéma régulier, à 12 mesures, et vous brodez là-dessus », expliquait le bluesman T-Bone Walker.

T-Bone Walker (1910-1975) Aaron Thibeaux Walker dit, T-Bone Walker ou Oak Cliff T-Bone, né le 28 mai 1910, à Linden (Texas). D’ascendance afro-américaine et cherokee, il est décédé le 16 mars 1975, à Los Angeles (Californie). C’était un guitariste, chanteur, compositeur, de blues américain. Il est considéré, comme l’un des pionniers les plus importants, pour l’utilisation de la guitare électrique dans le blues. Lorsqu’il était jeune homme, sa famille a déménagé dans une région du sud de Dallas connue sous le nom d’Oak Cliff, où il a rencontré Blind Lemon Jefferson, un autre musicien de blues, avec qui il a beaucoup appris. Les premiers enregistrements de Walker furent Wichita Falls Blues  et Trinity River Blues, enregistrés pour Columbia Records en 1929 sous le nom de Oak Cliff T-Bone

T-Bone Walker – Feeling The Blues

Le blues signifie également, dans un état d’esprit, que l’on traduit imparfaitement, par mélancolie, cafard ou encore, spleen. « Aucun homme blanc n’a jamais eu le blues », affirmait Leadbelly, l’un des pionniers de ce genre, qui disait qu’un Américain blanc, n’ayant pas d’ancêtre esclave, n’ayant pas subi le racisme du Sud, ou connu les ghettos du Nord, ne peut avoir le blues.

Leadbelly (1885-1949) Au panthéon des légendes du blues, peu de personnages occupent une place aussi importante que Leadbelly, le guitariste nomade doté d’une constitution de fer. Compositeur doué ayant écrit des classiques tels que Goodnight Irene, Midnight Special et Where Did You Sleep Last Night, Leadbelly a mené une vie troublée. Trois fois condamné à l’emprisonnement, dans le Sud profond, deux fois, il a vu sa peine commuée, dû à la seule force de sa musicalité. Mais son penchant pour les ennuis était inextricablement lié à son génie, et comme Robert Johnson et Blind Lemon Jefferson, ses moments difficiles, se sont mêlés à ses capacités musicales. Les années de gloire de Leadbelly ont été courtes et loin d’être rémunératrices, et il n’a pas vécu assez longtemps pour voir ses chansons devenir des classiques, et son talent être vénéré.

Leadbelly – Greatest Hits 

Les influences et la rhétorique du blues. Le blues tire une part de ses influences de la musique occidentale. Les instruments de musique d’origine africaine étant rares et parfois proscrits, les esclaves se sont très tôt appropriés le violon et les genres musicaux des colons européens de l’époque, en particulier ceux originaires de l’Europe de l’Est (polka, mazurka, valse). Ils les ont ensuite transformés en y ajoutant leurs banjos et leurs percussions. Les minstrels, interprètes de ce métissage musical, obtiennent au milieu du XIXe siècle un certain succès auprès des publics noir autant que blanc. Mais, outre le folklore, c’est essentiellement la chorale religieuse qui influera sur le blues.

Le minstrel show, ou minstrelsy (de l’anglais minstrel, « ménestrel » en français), était un spectacle américain, créé vers la fin des années 1820, où figuraient chants, danses, musique et intermèdes comiques, interprétés d’abord, par des acteurs blancs, qui se noircissaient le visage (blackface), et surtout après la guerre de Sécession, par des Noirs eux-mêmes. Les Noirs de ces spectacles apparaissaient généralement comme ignorants, stupides, superstitieux, joyeux, et doués pour la danse et la musique. Les acteurs professionnels délaissèrent le genre vers 1910, mais des amateurs le firent durer jusque dans les années 1950. La montée de la lutte contre le racisme les fit disparaître définitivement. L’espoir des esclaves n’est pas seulement dans le blues, il est aussi en Dieu, et nombre de blues expriment cette foi, notamment, dans ce que l’on nomme, Negro-spiritual ou Gospel.

Negro Spiritual ou Gospel  

Le blues exprime, certes, la douleur et la tristesse, mais aussi l’espoir et le divin. Il raconte aussi la vie triviale, les beuveries et le sexe. Hors des champs, le soir, certains esclaves qui avaient un instrument animaient les veillées. Ces instruments, ils les recevaient parfois en cadeaux des maîtres, et parfois, ils se les achetaient ou se les fabriquaient. Certains affranchis vont de ferme en ferme et, à la manière des griots africains ou des troubadours, transportent les informations. On ignore souvent ce rôle informatif du blues, car il n’y a que très peu de traces écrites ou orales, de ces chants. N’ont survécu que les chansons et les refrains plus intemporels. C’est avec ces chanteurs itinérants que le blues quitte le Sud, pour monter vers le Nord à Chicago, ou bien vers l’Ouest en Californie. Plus tard, une autre vague « migratoire » conduira les Noirs des champs du Sud, jusqu’aux usines du Nord.

J.T. Brown, Boy Atkins et Elmore James 1959

J.T. Brown (1918-1969) né John Thomas Brown dans le Mississippi était membre des Rabbit’s Foot Minstrels, et a passé quelque temps à Memphis dans le Tennessee, avant de s’installer à Chicago. Il a travaillé comme musicien de studio avec plusieurs artistes et a enregistré quelques disques sur le label Harlem dans les années 1950. Round House Boogie, Kickin’ the Blues Around, Sax-ony Boogie et Dumb Woman Blues ont été publiées sous différents noms de groupes, par Meteor Records à cette époque. Brown a ensuite joué et enregistré, avec Elmore James et Howlin Wolf. Il a également enregistré en tant que leader, pour plusieurs labels indépendants, dont JOB et United. Il apparaît sur plusieurs titres de l’album Fleetwood Mac in Chicago/Blues Jam in Chicago, Vols. 1-2, sur lequel, il a chanté sa propre composition Black Jack Blues.

J.T. Brown – Windy City Boogie

J. T. Brown & Jeremy Spencer (Fleetwood Mac) – Black Jack Blues

C’est ce blues électrique qui influencera plus tard une partie du Rock’n’roll. Vers la fin des années 1940, et pendant les années 1950, les Noirs américains ont migré vers les villes industrialisées du Nord, comme Chicago et Détroit, pour y trouver du travail. Dans les villes comme Chicago, Détroit et Kansas City, un nouveau style de blues « électrique » est apparu. Il utilisait la voix, la guitare électrique, la basse électrique, la batterie et l’harmonica amplifiée, avec un micro et un amplificateur. J.T. Brown qui jouait avec les groupes, d’Elmore James et J.B. Lenoir, a également utilisé le saxophone, plutôt comme instrument d’accompagnement, qu’instrument soliste.

À voir, dans le prochain article, les légendes du Blues, Elmore James, J.B. Lenoir et B.B. King. Les évolutions multiples du blues, qui aboutiront du Jazz au Rock.

 

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Merci, à Johanne Jodoin, pour la révision du texte et tes suggestions !

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